Les persistantes dissonances de l’Affaire Tamsir Faye (par EDITO Karfa Sira Diallo)
Tamsir Faye |
Une grande confusion, un lynchage médiatique d’une rare intensité et de lourdes arrière-pensées politiciennes sont en train de transformer le débat sur l’affaire Tamsir Faye en véritable cacophonie.
La politique extérieure sénégalaise qui était, pendant des décennies, une sorte de pôle de stabilité, relativement épargné par les affrontements politiciens, se transforme en foire d’empoigne. Ce ne serait pas si grave si la polémique n’était pas nourrie par le pouvoir lui-même et si la vocation que la nation s’est fixée, sa diplomatie, sa cohésion, son empreinte n’étaient remises en question sans réflexion.
Karfa Diallo, Consultant,
Éditorialiste et Fondateur
de l’Association Internationale Mémoires &
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Le prestige de la fonction du diplomate et les nombreux avantages y afférents sont depuis toujours l’objet de fantasmes pour lesquels des haines et des inimitiés durables se sont édifiées. Autant parmi les membres d’une administration malmenée par des usages et coutumes politiques privilégiant les rétributions politiques qu’au sein des militants des partis au pouvoir qui sont prêts à fourbir armes et complots au profit de leurs « droits légitimes à être récompensés de leurs engagements ».
Profond malaise
C’est bien l’aspect le plus gênant de cette minuscule affaire, révélatrice d’un profond malaise. En soi, ce fait-divers reste relativement peu important eu égard au prestige du Sénégal dans le monde et dans la mesure où il n’influe en rien sur la ligne officielle du pays. Les comportements choquants de certains diplomates sont monnaie courante et jamais cela n’a dépassé le cadre d’émois médiatiques saisonniers.
Dans l’affaire Tamsir Faye, la curieuse manie sénégalaise du dénigrement et du soupçon, s’est, cependant, à ce point opposée au parachute déployé pour des intérêts politiciens, qu’elle a finit par brouiller les frontières de la vérité, de la justice et de la diplomatie.
Qu’un consul général soit arrêté par la police marseillaise et accusé « d’attentat à la pudeur » et voici que s’ouvre le gouffre béant des luttes de clans au sein du pouvoir et les dissonnances malheureuses qui prennent le cadre de la presse comme terrain d’affrontement.
Dissonances
L’Affaire Tamsir Faye est donc à prendre au sérieux. D’abord parce qu’il concerne directement les attributions présidentielles; ensuite parce qu’il fait émerger de vieilles réminiscences et enfin parce qu’il expose publiquement les défaillances criantes de l’organisation de notre diplomatie.
Ces dissonances ne datent pas d’aujourd’hui. Tant que la concurrence flagrante entre les divers services de notre diplomatie avaient pour cadre les salons feutrés sénégalais, on pouvait mettre ces oppositions dans le lot des saines compétitions politiques. Maintenant qu’elles prennent une tournure internationale, défiant toutes formes de respect des règles administratives et déontologiques, il urge d’y mettre un terme.
Ni cap ni capitaine
La triste dérive de l’actuelle diplomatie sénégalaise est, en effet, inacceptable pour tout patriote. Sans cap, ni capitaine, elle accumule les bévues dont l’affaire Tamsir Faye est la plus symptomatique.
L’on sait pourtant que la diplomatie sénégalaise n’a pas toujours été une sinécure, une prime à la paresse pour partisans zélés, une cage dorée pour adversaires politiques gênants. Malgré notre faible structure économique et les aléas de nos politiques internes, nos diplomates portent, pour la plupart, haut l’idéal sénégalais au-delà de nos frontières.
L’on sait aussi que si les sources de légitimation sont manifestement disséminées autour de l’attelage présidentiel, la responsabilité dernière est celle d’un président de la république qui ne peut plus ignorer le malaise grandissant de l’administration.
Karfa Sira Diallo, Consultant, Éditorialiste
et Fondateur
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