Procès Hissène Habré : retour sur les dates phares, après 15 ans de procédure
Vingt-trois ans révolus : C’est le nombre d’années qu’il aura fallu pour mettre sur pied le «procès Habré». Un temps incroyablement long pour les victimes de l’ex-président tchadien qui attendent de voir leur bourreau comparaître devant la justice.
L'ancien dictateur et ses proches sont accusés d'être responsables de 40 000 exécutions sommaires et disparitions, et de la torture de 200 000 personnes.
A N’Djamena, en mars, sept complices d’Habré ont déjà été condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité, parmi lesquels Saleh Younous, le premier directeur de la Direction de la documentation et de la sécurité (DSS), la police politique du régime Habré, et Mahamat Djibrine, plus connu sous le nom de «El Djonto».
Ce dernier, policier de formation et coordonnateur de la DSS, comptabilise le plus de plaintes, près de 7 000. L’affaire débute en 1992, deux ans après la fuite d’Hissène Habré à Dakar.
La commission nationale d’enquête tchadienne sur «les crimes et détournements commis par l’ex-président, ses coauteurs et/ou complices» publie son rapport.
Le Bilan est écœurant, les statistiques parlent d’elles-mêmes : 3 806 personnes mortes en détention ou exécutées pendant la période 1982-1990 et 54 000 détenus. «Cela ne représente que 10% des violations et crimes commis sous Habré», souligne le rapport.
En 2000, sept victimes tchadiennes déposent à Dakar une plainte contre l’ancien président. Le juge sénégalais Demba Kandji inculpe Habré pour complicité de tortures, actes de barbarie et crimes contre l’humanité, mais la cour d’appel de Dakar juge les tribunaux sénégalais incompétents car les crimes auraient été commis en dehors du territoire national.
En 2001, l’ONG Human Rights Watch découvre des dossiers de la DDS parmi lesquels des dizaines de milliers de documents contenant des listes journalières de prisonniers, des comptes rendus d’interrogatoires, des rapports de surveillance et des certificats de décès.
S’ensuivent près de dix années d’un «interminable feuilleton politico-judiciaire», selon l’expression de l’archevêque Desmond Tutu, lauréat du prix Nobel de la paix, qui aboutit à la création en février 2013 d’un tribunal indépendant mis en place par le Sénégal et l’Union africaine (UA) : les Chambres africaines extraordinaires (CAE).
Le Sénégal devient ainsi le premier pays d’Afrique à mettre en œuvre la convention de l’ONU sur la torture, dont une des dispositions oblige les Etats signataires à juger «les auteurs de crimes de torture présents sur leur territoire, même si ceux-ci ou leurs victimes ne sont pas ressortissants de l’Etat et même si le crime a été commis à l’étranger».
avec JB – www.rts.sn
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