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Présentation de son Plan Stratégique 2015-2019 : La Boad veut donner la priorité aux projets intégrateurs

Dans son second Plan stratégique 2015-2019, la Banque ouest-africaine de développement (Boad) entend donner la priorité aux projets intégrateurs. « La priorité, c’est les projets intégrateurs », a déclaré son président, Christian Adovelande, hier, au cours d’une conférence de presse, au siège de la banque, à Lomé. La Boad espère porter la part de financement des projets intégrateurs d’infrastructures à 50 % des engagements à moyen et long termes sur le quinquennat 2015-2019.

Le président de la Banque ouest-africaine de développement (Boad), Christian Adovelande, a fait face à la presse, hier à Lomé, au siège de l’institution bancaire, pour présenter le nouveau Plan stratégique 2015-2019, mais aussi pour commenter les perspectives offertes par les deux notations positives que les agences internationales Fitch et Moody’s ont décerné à la banque (lire ailleurs). En lançant un second Plan stratégique, la Boad se donne l’ambition d’être « une banque de développement forte, pour l’intégration et la transformation économique en Afrique de l’Ouest ».

Selon M. Adovelande, « le Plan stratégique, c’est en termes de perspectives d’activités, ce n’est pas en termes de projets ». « Nous avons un cadre d’intervention et tous les projets qui répondent à ce cadre, nous les mettons en œuvre. La priorité, c’est les projets intégrateurs. Notre rôle, c’est l’intégration, et nous recherchons autant que faire se peut des projets intégrateurs. Les projets intégrateurs de tradition sont très difficiles à mettre en œuvre. Ce que nous essayons de faire lorsque nous travaillons sur des projets nationaux, c’est de nous assurer qu’ils ont un impact réel sur l’intégration », a-t-il ajouté.

Accélérer l’intégration par le financement des infrastructures

Le nouveau Plan stratégique a quatre axes d’interventions. D’abord, il vise à accélérer l’intégration régionale par un financement soutenu des infrastructures. Et sur ce point, la Boad compte concentrer ses efforts sur le financement de projets et programmes régionaux d’infrastructures de transport, d’énergie et de télécommunications. De même, la banque va soutenir les pôles régionaux de croissance tels que les pôles industriels ou agricoles intégrés afin de structurer l’appareil de production. L’axe 2 du Plan stratégique vient en soutien à la sécurité alimentaire et à la résilience alimentaire. Il vise aussi le renforcement de l’inclusion financière, celui des financements d’infrastructures de base, l’appui au développement de l’agrobusiness, de même que l’approfondissement de la gouvernance environnementale et le développement du financement des projets de croissance verte. 

Avec l’axe 3 de son Plan stratégique, la Boad espère accompagner les entreprises et les Etats membres. Ainsi, elle entend renforcer et diversifier son offre de financements et de services avec l’ambition de promouvoir le partenariat public-privé (Ppp) grâce à une Unité de développement des Ppp récemment mise en place au sein de la banque. L’axe 3 entend aussi soutenir la transformation des économies de l’Uemoa, par une valorisation accrue des ressources agricoles et minières. Cet axe devra également renforcer l’offre de services et de produits non traditionnels en direction des entreprises, des Etats et des collectivités locales. En dernier point, il va amplifier le soutien aux Pme/Pmi et appuyer le développement du secteur financier.

Augmenter les financements des projets d’infrastructures intégrateurs

La Boad a l’ambition, à travers l’axe 4 de son Plan stratégique, d’approfondir le processus de mobilisation de ressources. Elle reconnaît que « la mobilisation de ressources adaptées et en volumes suffisants a toujours été la principale contrainte à l’action de la banque ; elle représente un défi essentiel que l’institution devra relever ». En mobilisant des ressources, la Boad espère faire face aux besoins de financement des objectifs du nouveau Plan stratégique, mais aussi assurer la couverture des engagements antérieurs non encore décaissés. Ce qui suppose qu’elle doit renforcer sa capacité d’endettement, sa présence sur le marché régional des capitaux et accéder au marché financier international après sa notation internationale (lire ailleurs). Elle devra aussi exploiter des modes de refinancement alternatifs et développer une approche de mobilisation de ressources concessionnelles ciblées, notamment communautaires. 

Entre autres points, la Boad espère porter la part de financement des projets intégrateurs d’infrastructures à 50 % des engagements à moyen et long termes sur le quinquennat 2015-2019, contre une moyenne de 31 % au cours des cinq dernières années et de 37,4 % en cumul depuis le début de ses activités. La Boad a aussi l’ambition de consacrer près de 60 % de ses financements sous forme de concours aux Etats, au moins 50 % des ressources concessionnelles non dédiées au développement rural et à la sécurité alimentaire. Au cours des dernières années, la banque a revu à la baisse la part relative de l’agriculture dans ses prêts. Elle envisage de susciter des actions et projets structurants de dimension régionale, en gouvernance environnementale et climatique.

Les notations de Moody’s et Fitch ouvrent les portes du marché financier international

Les agences de notation internationales Fitch et Moody’s ont attribué, récemment, à la Boad des notes d’investissement positives. « Ces deux agences ont classé la Boad dans la catégorie des notes dites d’’’investissement grade’’, par opposition à la catégorie dite ‘’spéculative’’, avec des perspectives ‘’stables’’, explique le président Christian Adovelande. 

Armée de ses bonnes notes, la Boad compte « mobiliser des ressources sur les marchés financiers internationaux, en vue de renforcer ses activités », a assuré son président. Moody’s a décerné à la banque, le 15 mai dernier, une première notation d’émetteur Baa1 en devises et en monnaie locale à la banque, avec perspective « stable ». Une notation qui positionne la banque en quatrième position en Afrique, après la Banque africaine de développement (Bad, qui a obtenu Aaa), le Botswana (A2) et Africa finance corp (A3).

Position de liquidité très solide
 
Moody’s estime que la notation de la Boad est fondée sur « une position de liquidité évaluée comme très solide » et une forte volonté de soutien de la part de ses actionnaires, en dépit de leurs moyens limités (les Etats de l’Uemoa). Cette notation est comme une sorte de quitus, puisqu’elle permet à la banque de se refinancer auprès de la Bceao, « un élément confortant sa position de liquidité intrinsèque ». Et selon un document de la Boad, parmi les institutions notées par Moody’s, seule la Banque européenne d’investissement (Bei), avec son Aaa, perspective « stable », bénéficie d’un mécanisme comparable d’accès à la liquidité auprès d’une banque centrale. Selon Moody’s, « ce mécanisme garantit non seulement la liquidité des actifs de trésorerie de la Boad (…) mais il permet également d’accéder à un dispositif souple de fourniture de liquidités d’urgence. 

Selon toujours l’agence de notation, « l’éligibilité des propres instruments de dette de la Boad comme garantie pour le refinancement auprès de la Banque centrale conforte sa capacité de financement sur des marchés régionaux de capitaux relativement liquides ». Moody’s qui s’attend au renforcement de la structure interne de gestion de risques de la Boad, parallèlement à la hausse de son endettement, estime que la notation de la banque pourrait s’améliorer si elle « fait preuve de prudence dans le développement de ses activités de crédit et l’accroissement de son bilan, notamment en continuant à afficher une faible proportion de prêts non performants (…) et en démontrant sa capacité à émettre de la dette sur les marchés de capitaux internationaux ».

Niveau d’endettement favorable

Après Moody’s, Fitch délivrait à la banque, le 11 juin dernier, une note émetteur à long terme « BBB » avec perspective « stable ». L’agence de notation estime que, en dépit de l’environnement sous-régional difficile, les niveaux de capitalisation et d’endettement de la Boad sont plus favorables que pour les institutions similaires, avec un ratio fonds propres ajustés/actif de 40 % et un ratio dette/fonds propres de 145,1 % à fin 2014. Fitch émettait presque les mêmes commentaires que Moody’s sur le risque de liquidité maîtrisé, la trésorerie d’appoint que peut apporter la facilité de réescompte de la Bceao à la Boad, etc. Dans son propos liminaire, Christian Adovelande a salué le soutien de l’institution de la part de ses actionnaires, la qualité et la stabilité de la gouvernance de la Boad « qui n’a jamais connu de crise ». 

« La Boad n’a jamais souffert d’un défaut de paiement sur les prêts consentis à un Etat membre, même dans les périodes où certains Etats étaient en proie à des crises. D’ailleurs, elle bénéficie vis-à-vis de ces Etats du statut de créancier privilégié », a-t-il ajouté.

avec http://www.lesoleil.sn


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