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Le sport sur ordonnance, bientôt une réalité

Le sport n'est sans doute pas la panacée mais peut se révéler un remède puissant. Encore faut-il qu'il puisse être administré comme il faut aux personnes qui en ont besoin.
L'activité physique pourra bientôt être prescrite sur ordonnance pour les malades chroniques. L'activité physique pourra bientôt être prescrite sur ordonnance pour les malades chroniques.
Marche nordique, vélo, natation, karaté… Des activités sportives? Non, un traitement prescrit par votre médecin. L'activité physique et le sport pourront bientôt figurer sur l'ordonnance des malades chroniques grâce à un amendement de la loi santé déposé par Valérie Fourneyron, ancienne ministre des Sports. Les bienfaits de l'activité physique pour la santé ne sont plus à démontrer: dès 2011, la Haute Autorité de santé élaborait des recommandations pour le développement de la prescription non médicamenteuse. Mais jusqu'à présent peu de médecins proposent l'activité physique comme remède. Il faut dire que prescrire une activité sportive à une personne cardiaque ou atteinte d'un cancer ne se fait pas à la légère et nécessite un minimum d'encadrement.

La Ville de Strasbourg, pionnière en la matière, a mis en place depuis 2012, un dispositif «sport santé sur ordonnance». Les malades, munis de leur ordonnance, sont pris en charge par des éducateurs sport-santé spécifiquement formés qui vont leur proposer une activité adaptée: vélo, marche, tai-chi… Ce dispositif s'adresse aux personnes obèses, diabétiques, hypertendues, en rémission d'un cancer du sein

Aujourd'hui, plus de 900 malades alsaciens ont rencontré un éducateur sportif. «La majorité d'entre eux nous disent que, sans la prescription du médecin, ils n'auraient jamais commencé une activité physique. Mais, au bout d'un an, 70 % des personnes sont toujours dans le dispositif. Il faut dire que les bénéfices peuvent être rapides. Dans le diabète de type 2 par exemple, il suffit de quelques semaines pour constater une amélioration de la glycémie qui permet parfois une diminution de la prise de médicaments», se réjouit le Dr Alain Feltz, conseiller municipal en charge de la santé.

Trois quarts d'heure, trois fois par semaine

Aujourd'hui, les médecins strasbourgeois n'hésitent plus à proposer le sport sur ordonnance. Mais ils restent une exception, les autres médecins sont encore frileux. Même pour maladies cardio-vasculaires, domaine dans lequel les preuves de l'intérêt d'une activité physique sont les plus nombreuses. «Beaucoup de médecins ne savent pas prescrire l'activité physique et la nutrition après un accident cardiaque», affirme le Pr Francois Carré, cardiologue au CHU de Rennes. Résultat: seulement 20 % des malades bénéficient d'une prise en charge en service de réadaptation après un infarctus. Cette dernière est pourtant recommandée car elle diminue de 25 à 30 % le risque de récidive et améliore la condition physique et psychologique des patients. Les malades, qui sont pris en charge par une structure médicale pendant trois semaines, devront ensuite poursuivre une activité régulière. «L'activité physique fait partie du traitement, au même titre que les médicaments. Mais, comme les médicaments, elle doit se pratiquer tous les jours, sinon les bénéfices s'estompent», rappelle François Carré.

Reprendre ou poursuivre seul une activité physique après un accident cardiaque ne va cependant pas de soi. C'est pourquoi la Fédération française de cardiologie a créé les clubs Cœur et Santé, qui animent des séances d'activités physiques.

De nombreuses études ont aussi montré l'intérêt de l'activité physique chez les malades atteints d'un cancer. Pour prévenir les rechutes mais aussi au cours du traitement. «L'activité physique est le seul traitement validé de la fatigue dans les cancers», explique le Dr Thierry Bouillet, cancérologue à l'hôpital Avicenne de Bobigny, fondateur de l'association Cami sport et cancer. «L'activité physique fait baisser le taux des cytokines, molécules secrétées par les cellules cancéreuses et responsables de la fatigue. Elle diminue aussi le taux d'insuline dans le sang, qui est un facteur de croissance des cellules cancéreuses», décrit Thierry Bouillet. Mais pour observer des résultats positifs, l'activité doit durer au moins trois quarts d'heure, trois fois par semaine et sur une durée de six mois. Ce qui peut représenter un obstacle.

Un remède puissant

«Il est parfois difficile de parler de sport aux patients. Car, pour eux, lorsqu'on est malade, on se repose», raconte le Pr Laurent Zelek, cancérologue à l'hôpital Avicenne de Bobigny. Et pourtant les bénéfices sont présents et ils sont impressionnants. «Vous diminuez la fatigue, donc vous améliorez la qualité de vie. Mais l'on sait également que l'activité physique diminue de moitié le taux de rechutes des cancers du sein, du côlon et de la prostate», s'enthousiasme Thierry Bouillet, qui évoque le cas de ce patient atteint d'un cancer du poumon avec métastases au cerveau, en rémission depuis quatre ans grâce à son activité physique!

Le sport n'est sans doute pas la panacée mais peut se révéler un remède puissant. Encore faut-il qu'il puisse être administré comme il faut aux personnes qui en ont besoin. «Il existe un véritable problème d'accessibilité pour les populations les moins favorisées. Résoudre les problèmes de vie quotidienne, de perte de revenus demeure un véritable facteur bloquant», met en garde Laurent Zelek, qui exerce en Seine-Saint-Denis. L'amendement Fourneyron, qui ne prévoit pas la prise en charge du «sport sur ordonnance», a malheureusement laissé cette question sans réponse.

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avec lefigaro.fr

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