Sénégal: la mendicité forcée des enfants ou «l’esclavage des temps modernes»
Officiellement, la mendicité forcée est interdite
par la loi au Sénégal. Mais des milliers d’enfants de plus en plus
jeunes, les «talibés», sont exploités par les maîtres coraniques qui les
jettent dans la rue. Dans un rapport publié le 20 avril 2015, Human
Rights Watch et l’ONG sénégalaise PPDH dénoncent «l’esclavage des temps
modernes». Géopolis a recueilli leurs témoignages.
Ils arpentent quotidiennement les rues des grandes villes du Sénégal. On les voit partout à Dakar, dès le lever du jour. Des enfants aux pieds nus et en haillons, la sébile à la main. Les talibés sont confiés généralement à des maîtres coraniques censés leur prodiguer une éducation religieuse. Ce sont des élèves de l'Islam. Dès leur plus jeune âge, vers 5-6 ans, l'élève étudie le Coran et termine son apprentissage à l'adolescence. Dans les faits, il n'y a rien de tel. Ils vivent dans la précarité et sont forcés de mendier et de rapporter à leurs maîtres des «quotas journaliers d’argent sous peine d’être battus». Des enfants à l'avenir incertain et privés de leurs droits.
Interrogé par Géopolis, Mamadou Wane, coordinateur de la PPDH, une ONG sénégalaise des droits de l’Homme, dénonce ce qu’il qualifie d’esclavage des temps modernes et d’une honte nationale: «Sous le soleil de plomb, le froid, l’harmattan, la pluie, le talibé mendiant vit tous les jours dans la peur de ne pouvoir rapporter la somme exigée (parfois jusqu’à 2000 francs CFA, un peu plus de trois euros). Ils sont sévèrement frappés et parfois enchaînés en cas de refus.»
Une décennie d’abus en toute impunité
Dans la seule région de Dakar, ils seraient plus de 30.000 garçons à la merci de leurs maîtres qui ont droit de vie et de mort sur les jeunes talibés. Pourtant, le Sénégal dispose depuis 2005 d’une loi qui interdit la traite et l’exploitation d’enfants dans les écoles coraniques.
Pour Corinne Dufka, directrice de Human Rights Watch pour l’Afrique de l’Ouest, le Sénégal a failli à ses responsabilités de poursuivre les auteurs d’abus dans les écoles coraniques. Seuls une dizaine de maîtres ont été poursuivis en justice depuis 2005: «La loi sénégalaise exige des procureurs et de la police qu’ils ouvrent une enquête sur toute activité criminelle lorsqu’il existe des indices crédibles que des abus ont été commis contre des enfants. Toutefois, malgré le caractère systématique et la visibilité des abus, les enquêtes et les poursuites judiciaires contre leurs auteurs sont extrêmement rares.»
Faut-il fermer les écoles coraniques ?
Oui, répond sans hésiter Mamadou Wane, coordinateur de l’ONG sénégalaise PPDH, il faut fermer toutes ces écoles qui ont dévié de leur mission d’offrir une éducation religieuse respectueuse des droits et de la dignité des enfants.
C’est aussi l’avis de Corinne Dufka de Human Rights Watch. Elle appelle le gouvernement sénégalais à prendre ses responsabilités en appliquant les lois qui protègent ces enfants vulnérables.
avec http://geopolis.francetvinfo.fr
Ils arpentent quotidiennement les rues des grandes villes du Sénégal. On les voit partout à Dakar, dès le lever du jour. Des enfants aux pieds nus et en haillons, la sébile à la main. Les talibés sont confiés généralement à des maîtres coraniques censés leur prodiguer une éducation religieuse. Ce sont des élèves de l'Islam. Dès leur plus jeune âge, vers 5-6 ans, l'élève étudie le Coran et termine son apprentissage à l'adolescence. Dans les faits, il n'y a rien de tel. Ils vivent dans la précarité et sont forcés de mendier et de rapporter à leurs maîtres des «quotas journaliers d’argent sous peine d’être battus». Des enfants à l'avenir incertain et privés de leurs droits.
Un enfant talibé dort assis sur sa sébile dans la rue à Dakar, le 16 avril 2010. © Photo AFP/Moussa Sow
Interrogé par Géopolis, Mamadou Wane, coordinateur de la PPDH, une ONG sénégalaise des droits de l’Homme, dénonce ce qu’il qualifie d’esclavage des temps modernes et d’une honte nationale: «Sous le soleil de plomb, le froid, l’harmattan, la pluie, le talibé mendiant vit tous les jours dans la peur de ne pouvoir rapporter la somme exigée (parfois jusqu’à 2000 francs CFA, un peu plus de trois euros). Ils sont sévèrement frappés et parfois enchaînés en cas de refus.»
Une décennie d’abus en toute impunité
Dans la seule région de Dakar, ils seraient plus de 30.000 garçons à la merci de leurs maîtres qui ont droit de vie et de mort sur les jeunes talibés. Pourtant, le Sénégal dispose depuis 2005 d’une loi qui interdit la traite et l’exploitation d’enfants dans les écoles coraniques.
Pour Corinne Dufka, directrice de Human Rights Watch pour l’Afrique de l’Ouest, le Sénégal a failli à ses responsabilités de poursuivre les auteurs d’abus dans les écoles coraniques. Seuls une dizaine de maîtres ont été poursuivis en justice depuis 2005: «La loi sénégalaise exige des procureurs et de la police qu’ils ouvrent une enquête sur toute activité criminelle lorsqu’il existe des indices crédibles que des abus ont été commis contre des enfants. Toutefois, malgré le caractère systématique et la visibilité des abus, les enquêtes et les poursuites judiciaires contre leurs auteurs sont extrêmement rares.»
Enfants talibés mendiant dans les rues de Dakar © Photo AFP/Moussa Sow
Faut-il fermer les écoles coraniques ?
Oui, répond sans hésiter Mamadou Wane, coordinateur de l’ONG sénégalaise PPDH, il faut fermer toutes ces écoles qui ont dévié de leur mission d’offrir une éducation religieuse respectueuse des droits et de la dignité des enfants.
C’est aussi l’avis de Corinne Dufka de Human Rights Watch. Elle appelle le gouvernement sénégalais à prendre ses responsabilités en appliquant les lois qui protègent ces enfants vulnérables.
avec http://geopolis.francetvinfo.fr
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