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Comment stopper la rivalité féminine au travail

Crêpage de chignons, intrigues, jalousie, manipulation... la vie avec vos collègues féminines vire à l'enfer ? Nos coachs expliquent ce qui se cache derrière la rivalité entre femmes et comment la combattre.

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« Dans l'entreprise, les femmes sont des louves pour les autres femmes », entend-on souvent.


Affirmation sexiste ? Réalité taboue ? La psychologue Annik Houel a eu l'occasion d'étudier le sujet et en a tiré un livre : Rivalités féminines au travail. Pour elle, ces rivalités ne sont qu'une reproduction de ce qui se passe au sein de la cellule familiale. Les relations avec une femme chef suivent le modèle de la relation que la salariée a eue avec sa mère. « On parle toujours de l'Œdipe et de la rivalité par rapport au père : c'est un moyen confortable de ne pas aborder la question de la mère et de conforter le pouvoir des hommes. Mais c'est avec la mère qu'on a le premier rapport humain, c'est une relation passionnelle. » De salariée à salariée, on rejouerait plutôt la partition sœur-sœur, ces amies ennemies.
En réalité, il existe mille et une manières de justifier l'existence d'une rivalité spécifiquement féminine en entreprise.

D'abord, les femmes y sont plus rares aux postes à responsabilités, ce qui accentue la compétition. Et puis les filles ont été élevées dans l'idée que seul le regard des hommes comptait et les valorisait. C'est pourquoi certaines ont intégré les codes machistes, se désolidarisant des autres femmes pour mieux se rapprocher de leurs collègues masculins. Il y a celles qui dénigreront leur collègue enceinte, ou celles, plus âgées, qui enragent de voir les petites jeunes passer si facilement les portes qu'elles ont eu tant de mal à franchir vingt ans plus tôt. En matière de rivalité féminine, il y a autant d'explications que de situations. Heureusement, la fondatrice du cabinet Artélie Conseil, Bénédicte Haubold, et la coach professionnelle Steredenn Hudson-Offret nous aident à en déjouer les pièges.

"Ma chef, mon autre mère"
La femme chef fait rejouer ce que chacune a vécu pendant l'enfance
Vous entretenez un rapport passionné et exclusif avec votre chef ? Vous l'admirez et cherchez chez elle la reconnaissance que votre mère a toujours eu du mal à vous donner. Vous attendez les bons points, son regard bienveillant et sa complicité. Et au moindre reproche sévère, vous rejetez son autorité, criez à l'injustice, vexée comme un poux. « La femme chef fait rejouer ce que chacune a vécu pendant l'enfance : le rapport avec la mère et son autorité. On va chercher son amour tout en rejetant son autorité, comme pendant la crise d'adolescence, explique Annik Houel. Et la chef peut très bien utiliser ce registre pour materner et asseoir son pouvoir. »

Solution : accepter l'idée que ses parents sont imparfaits
Pour arrêter de faire l'ado au bureau, ne vous embarquez pas dans l'analyse de votre relation avec vos géniteurs, cela vous prendrait au moins quinze ans. Pardonnez-leur ce qu'ils n'ont pas fait comme il aurait fallu, remerciez-les pour le reste et faites votre vie. « Il faut faire avec la mère qu'on a, la laisser tranquille et arrêter de lui faire des reproches ! Accepter l'idée que ses parents ne sont pas des êtres parfaits, c'est devenir adulte. Si vous acceptez leurs imperfections, vous serez bien moins exigeante avec votre chef ensuite. »

"Je veux être la préférée et la reine de la promo"
La chouchoute ne sait pas ce qu'elle vaut sans le chef 

Votre collègue Sylvie est la reine des abeilles dans sa ruche. Elle arrive d'un pas assuré, toujours très apprêtée. Adore soutenir le patron en réunion. Se mêle de toutes les conversations. Tente de connaître vos secrets, comme une bonne copine. Méfiance. L'air de rien, Miss Parfaite ne vous tendra jamais la main. Selon elle, il n'y a pas assez de lumière et - dommage pour vous - elle en capte déjà tous les rayons. « Les filles sont éduquées avec l'idée qu'il faut être la plus belle, la première de la classe, la plus aimée, explique la coach Steredenn Hudson-Offret. Elles veulent être la reine du lycée, celle que tout le monde admire. Celle qui veut être la chouchoute a besoin de la bénédiction du patron pour savoir ce qu'elle vaut. Les ragots et le fayotage sont des méthodes non violentes mais agressives pour se rendre importante, poser ses marques, manipuler les autres et prendre tout l'espace. »
Solution : s'aimer assez pour faire de la place aux autres

Pour arrêter de considérer toute nouvelle recrue comme un moustique porteur de menaces et à écraser de toute urgence, Bénédicte Haubold prône une seule solution : rebooster l'estime que l'on a de soi. « Je plaide pour la réhabilitation du narcissisme. Il faut arriver à s'aimer suffisamment soi-même, savoir ce que l'on vaut sans avoir besoin de l'approbation de quiconque pour être sereine et en paix avec soi-même. C'est en s'aimant soi-même qu'on laisse aussi de la place à l'autre. »

"Cela me fait mal de voir une jeune réussir mieux que moi au même âge"
Il y a vingt ans, vous avez travaillé dur pour qu'Alain et Robert vous laissent une place convenable autour de la table de réunion. Vous avez essuyé les remarques sexistes sans broncher et prouvé votre valeur à la sueur de votre front. Il a fallu ramer. Aujourd'hui, vous regardez avec une certaine aigreur ces jeunes recrues arriver dans la boîte, provoquant les regards insistants des désormais chauves et replets Alain et Robert. Justice sera faite : vous ne leur ferez pas plus de cadeaux que l'on ne vous en a fait jadis. Pour Steredenn Hudson-Offret, cette position est une double peine, renforcée par les diktats de l'apparence. « Une fille qui vieillit n'est pas perçue comme étant sexy par la société. C'est pour leur image, plus que pour leurs compétences et leur force de travail, que les femmes sont d'abord jugées. Quand une femme plus jeune arrive, ce comportement peut être exacerbé. »

Une senior a tout à gagner en aidant les jeunes
Solution : se transformer en mentor
N'auriez-vous pas rêvé tomber sur quelqu'un d'aussi équilibré que vous il y a vingt ans ? Plutôt que de passer pour la sadique notoire de la boîte qui fouette ses pouliches, tendez-leur la main. « Évitons de nous faire violence, de jouer le jeu des machistes qui voudraient que les femmes soient forcément méchantes entre elles, conseille Steredenn Hudson-Offret. Une senior a tout à gagner à aider les jeunes. Avec ses vingt ans d'expérience, elle ne sera pas mise en danger par une jeune diplômée formatée. Chacune va apprendre des choses grâce à l'autre. Travailler en synergie est une vraie force. Et puis, c'est à nous de montrer que nous ne pouvons pas être réduites à notre simple apparence. »
"Mes collègues me jugent car j'ai eu un enfant"
Quand vous avez annoncé votre grossesse, vos collègues et copines Sabine, Nadine et Géraldine vous ont aussitôt félicitée. Mais vous n'avez pu chasser de votre esprit leurs sourires hypocrites. Depuis, vous êtes évincée des pauses café et vous sentez que vous ne faites plus partie du club des killeuses, dont l'ambition se mesure au nombre d'heures supplémentaires. Pour elles, maternité rime avec bêtise quand on veut être le leader de demain. Vous êtes ainsi devenue à leurs yeux une « maman », qui les a trahies pour une paire de couches. « Elles ont intégré les codes masculins en entreprise, selon lesquels avoir un enfant est un sacrifice, décrypte Steredenn Hudson-Offret. Pour elles, le temps passé à s'occuper d'un enfant est perçu comme une pause détente. Elles n'ont pas d'enfants et ne vont pas chercher à manifester de l'empathie. Au contraire, elles vont traiter l'autre comme une paria. »
Solution : assumez !

N'enfilez pas le costume de la victime, celui où est écrit : « D'accord, j'ai un enfant, mais aimez-moi ! » Si combiner carrière et maternité ressemble parfois à un jeu d'équilibriste, rien n'a empêché Christine Lagarde d'avoir deux enfants et Marissa Meyer de devenir PDG de Yahoo! alors qu'elle était enceinte. Face au regard impitoyable de vos collègues, soyez ferme, ne lâchez rien. « Quand nous voulons un enfant, c'est notre désir, cela ne regarde personne. Si vous ressentez de la culpabilité, c'est que vous avez honte de votre choix. Assumez, soyez fière, encourage Steredenn Hudson-Offret. On est dans un cadre professionnel, ne soyez pas dans l'affectif. Le domaine personnel ne doit pas envahir l'espace du travail. »

Rivalités féminines au travail. L'influence de la relation mère-fille, d'Annik Houel, Éd.Odile Jacob, 163 p., 21,90 €.
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