Dilemme de l’infidélité : faut-il avouer, ou pas ?
Tout se dire ou garder son jardin secret ? Avouer ou cacher à son
conjoint un adultère ponctuel ? Les opinions divergent. Et cela se
complique encore lorsque la tromperie commence à durer. L'avis de deux
spécialistes.
L'attirance pour
un(e) autre, l'adultère, puis les remords... Que faut-il faire alors
? Avouer son écart ou bien le garder pour soi ? Autour de vous, certaines
voix vous conseillent de tout déballer illico presto, parce que « mentir
est un poison » et que « le couple, c'est une question de
confiance et (qu')on peut tout se raconter ». Une transparence
qu'encourage Fabienne Kraemer, psychanalyste spécialiste du couple (1) :
« Il faut se livrer, même si c'est très difficile, et compter sur la
bienveillance de l'autre. C'est une sorte d'acte de foi dans la relation. Si on
ne le fait pas, c'est la mort du couple, ou le début de son pourrissement. »
Pour Robert Neuburger, psychiatre, thérapeute spécialiste du
couple (2), cette vision « angélique du couple où on peut tout se dire est
irresponsable et tout à fait naïve. Si on trompe une fois, il faut
évidemment le garder pour soi ! Ces discours moralisateurs sont à ne
surtout pas suivre. D'une manière générale, un couple ne doit pas tout se dire.
La vérité absolue est l'une des raisons pour lesquelles les
couples se délitent et finissent par se séparer. Notamment quand la
transparence concerne la question de l'adultère ».
Mais alors, que faire si on a fauté une seule fois ? « Si on en
parle, ce sera pour se décharger sur l'autre de sa responsabilité et de sa
culpabilité, ce qui aura pour effet de compliquer la relation voire d'y
mettre fin. Ne dites rien, ce sera plus bénéfique pour le couple. Et comme le dit
Paul Auster, "la vérité ne répare pas le mensonge". »
Les
écarts réguliers sont plus dangereux
Mais alors, la confiance dans le couple ne serait qu'un doux
rêve ? Il n'y aurait pas de bienveillance entre partenaires ? Pour Robert
Neuburger, « la société est bien plus moralisatrice qu'il y a deux ou
trois décennies, c'est incroyable. Le couple est devenu un aboutissement, un
idéal, et tout devrait forcément bien s'y passer. Bien sûr, la confiance
dans un couple existe, c'est quelque chose qui se construit tous les jours. En
revanche, il ne faut pas la confondre avec l'aveuglement et le partage de tout,
à tout prix. C'est la part de secret, d'intime, qui garantit une confiance de
qualité ».
Attention, il ne s'agit pas pour autant d'accepter les excès et
les trahisons à répétition. Pour le psychiatre, s'il ne s'agit « que »
d'une aventure
extraconjugale, « cela ne mérite pas de tuer un couple ou de le
déstabiliser pour longtemps. Il faut prendre ses responsabilités et assumer,
seul. »
Mais pour ce qui est des écarts réguliers ou de longue durée, le
discours est différent. « Cela peut arriver à tout le monde d'aller voir
ailleurs une fois. Mais si cela dure, c'est qu'il y a un vrai problème dans le
couple. À ce moment-là, il faut envisager d'en parler. De toute façon,
le conjoint remarquera bien un changement de comportement dans la
vie, au lit, dans l'expression des sentiments. Ce type d'écart sur le long
terme met en danger le couple, et le fait de se confier à son partenaire
sera une preuve de force. D'ailleurs, l'aveu d'une infidélité de longue durée
donne au couple plus souvent un nouveau souffle qu'il ne provoque sa
cassure. » Un avis partagé par Fabienne Kraemer : « Une
tromperie qui dure est le signe d'un profond problème dans le couple. En
parler, c'est vouloir améliorer la relation, c'est un geste fait aussi bien
pour soi que pour l'autre et pour le couple. C'est très fort. »
Et même si le couple peut sortir renforcé d'une telle épreuve,
le mieux reste bien sûr de l'éviter. Car, comme le
rappelle Robert Neuburger, « la meilleure solution pour avoir
des relations simples et apaisées reste quand même l'absence
d'infidélité ! »
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