Présidentielle en Centrafrique: duel entre deux anciens Premiers ministres aux profils très différents
Qui sont
Anicet Georges Dologuélé et Faustin Archange Touadéra, les deux candidats
arrivés en tête du premier tour de l'élection présidentielle en Centrafrique?
Parmi les trente candidats en lice au départ, le premier, arrivé en tête avec
23,78% des voix, se démarquait comme une personnalité de premier plan, quand le
second (19,42%) faisait figure d'outsider.
Il était
l'un des favoris du scrutin, à plus d'un titre. D'abord parce qu'il avait
obtenu, à la dernière minute, le soutien officiel du parti de l'ex-président
François Bozizé - renversé en 2013 et qui n'a pas pu participer au scrutin-, le
Kwa Na Kna (KNK), dont les fiefs de Bangui et des régions de l'ouest comptent
parmi les plus peuplés du pays.
Durant la
campagne, ses affiches étaient partout dans la capitale centrafricaine, et il a
arpenté l'arrière-pays à grand renfort de communication, tandis que de nombreux
candidats manquaient de moyens financiers pour le faire.
Par
ailleurs, ce banquier de formation, qui a servi à la Banque des Etats de
l'Afrique centrale (BEAC), bénéficie d'une réputation de "M. Propre"
pour sa gestion rigoureuse des affaires lorsqu'il était Premier ministre
d'Ange-Félix Patassé, entre 1998 et 2001.
Il a pendant
sa primature engagé de nombreux travaux de réfection des édifices publics.
Il a quitté
le gouvernement pour devenir président directeur général de la Banque de
développement des Etats de l'Afrique centrale (BDEAC) entre 2001 et 2010.
Il a créé
l'Union pour le renouveau centrafricain (URCA), parti au nom duquel il se
présente à la présidentielle et aux législatives dans la région de Bocaranga
(nord) dont il est ressortissant. C'est la première fois qu'il est candidat à
des élections.
- Faustin Archange Touadéra, 58 ans,
"l'homme qui payait les salaires des fonctionnaires":
Resté dans
l'ombre durant toute la campagne, l'outsider est sans conteste la grande
surprise de ce premier tour.
Lui qui fut
le dernier Premier ministre de Bozizé (2008-2013) a réalisé de très bons scores
dans les fiefs de l'ex-président dans l'ouest du pays. Ainsi il a pu bénéficier
d'une frange importante de l'électorat traditionnel du KNK, malgré les
directives du bureau du parti, de l'avis de plusieurs observateurs avisés.
D'où lui
vient cette popularité? Les fonctionnaires lui doivent d'abord la bancarisation
de leurs salaires après plusieurs décennies d'atermoiements les conduisant à
s'endetter lourdement, à cause de retards répétés dans les versements, de
primes impayées, etc. "Il restera comme celui qui a payé les
fonctionnaires, et il est très apprécié pour cela", souligne une source
diplomatique à Bangui.
Sur le plan
politique, il a eu a conduire le dialogue inclusif réunissant à Bangui fin 2008
le pouvoir, l'opposition, la société civile et les mouvements rebelles, à
l'issue duquel ont été signés plusieurs accords de paix importants avec les
rébellions.
Professeur
en mathématiques pures, diplômé de l'université de Lille 1 (France) et de
Yaoundé (Cameroun) où il a obtenu un doctorat d'Etat, cet universitaire a
également été longtemps enseignant à l'école normale supérieure (ENS) de
Bangui, avant de devenir Recteur de l'université de Bangui en 2005.
D'un naturel
discret et modeste, il a la réputation d'être un "bosseur".
D'ailleurs, durant sa primature comme pendant la campagne présidentielle,
disposant d'un budget très restreint par rapport aux poids lourds de la classe
politique centrafricaine, il n'a pas cessé d'enseigner à l'université de
Bangui.
avec Afp
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