Quand et comment prendre (enfin) une année sabbatique
Vous en rêvez
secrètement depuis toujours mais n'avez jamais osé, de peur de passer pour une
déserteuse frivole. La coach Valérie Moissonnier nous explique à quel moment et
comment sauter sur l'occasion.
Vous avez une cartouche dans votre fusil. Une seule fois dans
une vie, où vous pouvez jouir de ce doux concept : l'année sabbatique. Très exactement onze mois
durant lesquels vous n'êtes ni en poste, ni payée, ni virée.
En suspens, avec le champ des possibles ouvert : reconversion,
vacances, tour du monde, projet humanitaire, retraite bouddhiste...
Danger : vous redoutez que votre patron Roger vous voit comme
une éternelle démissionnaire lovée dans un hamac, même une fois revenue de
votre trip en Zambie.
Il faut viser le bon moment pour que cette parenthèse enchantée
soit profitable à votre épanouissement sans freiner votre carrière. La
coach et fondatrice de l'Institut du Selfcoaching Valérie Moissonnier nous
détaille les étapes clés d'un congé annuel réussi.
Une chose est certaine : vous tournez en rond dans votre
entreprise.
Vous repensez à ces fantasmes enfouis qui pourraient soudainement
devenir réalité grâce aux économies que vous avez religieusement constituées
pendant toutes ces années (« je rêve de faire le tour du Groënland en kayak »).
Puis il y a ces nouvelles idées et envies qui ont émergé au fur
et à mesure de vos rencontres (« on devrait ouvrir une boîte de nuit avec un
sol qui transforme l'énergie des gens en électricité »).
Et les besoins spirituels d'une personne normale au milieu de sa
vie (« je devrais aller faireun gros câlin à Amma dans son ashram
en Inde »).
Vous avez peut-être mille raisons de prendre une année sabbatique,
mais il vous faut n'en choisir qu'une ou deux pour vous y consacrer avec
succès.
« Il n'y a pas de bon moment s'il n'y a pas de bon projet,
assure Valérie Moissonnier. On ne peut partir sans savoir pourquoi ».
Libre de votre temps et vos mouvements, donnez-vous un but
ultime qui peut se réaliser en quelques mois durant cette année sans
salaire et sans nécessité de pointer à Pôle Emploi.
L'option d'une année sabbatique est pertinente dans différents cas
de figure de votre vie professionnelle.
Cela fait plusieurs années que vous êtes dans la même
entreprise, mais vous avez été déçue.
On vous a promis monts et merveilles. Et puis la promotion vous
est passée sous le nez pour aller droit dans les bras de votre rival de toujours. Vous
ne voyez plus de perspectives d'évolution.
Avant de faire une rupture conventionnelle et d'aller pointer
régulièrement à Pôle Emploi, vous pouvez vous servir de l'année sabbatique
comme d'une transition entre deux postes, un calque entre deux pages
de votre vie.
« Avant de chercher du travail ailleurs, c'est le bon
moment pour faire un break. Vous pouvez commencer à prospecter quand vous
revenez dans l'entreprise ».
Une fois lancée dans une nouvelle aventure professionnelle
ambitieuse, il vous sera bien plus difficile de créer cette opportunité.
Deuxième option : vous glissez depuis longtemps vers une
reconversion. De directeur financier, vous souhaitez devenir DJ professionnel à
temps plein.
Vous avez déjà demandé une formation aux métiers techniques du
son. Désormais, il ne vous reste plus qu'à tenter l'aventure.
« Attention, l'année sabbatique peut permettre de tester le
projet de reconversion que vous avez déjà enclenché. Si vous vous arrêtez pour
penser à votre renconversion, vous n'aurez rien le temps de tester. Il vaut
mieux dans ce cas faire une rupture conventionnelle et lancer toute la machine
».
Vous aimez réellement votre travail et ne vous imaginez pas une
seconde ailleurs. Vous envisagez même une promotion sur le long terme.
« Vous n'avez pas à faire une croix sur vos ambitions
de promotion, tant que votre expérience est utile à votre évolution
professionnelle ».
C'est le moment le plus stratégique de l'affaire : convaincre
votre entreprise que cette pause d'un an servira aussi ses intérêts.
Si vous ne voulez pas être sur le banc de touche par la suite,
vous devez leur assurer que vous reviendrez encore plus brillante et
créative.
Aidez-vous d'un tableau comparatif avantages / inconvénients /
opportunités / menaces. « Pour ne pas vous griller, mettez-vous à la place
de votre employeur. Quels seront ses avantages ? Vous allez revenir plus riche,
mais de quoi ? Qu'aurez-vous appris ?
Ça peut être une langue (si vous travaillez à l'étranger), de
l'énergie (grâce au kayak), de la satisfaction personnelle (si vous partez dans
l'ashram) ». Si vous la jouez fine, il vous laissera partir plein
d'espoir.
Évidemment, ne prenez pas votre décision sur un coup de tête.
Mûrissez votre projet et prenez rendez-vous avec les RH pour prendre la
température.
« On discute des conditions du congé et de la façon dont la
boîte perçoit la chose. Ficelez votre projet avec eux avant de parler
au n+1 », conseille Valérie Moissonnier.
Légalement, vous devez avertir par lettre recommandée votre
employeur trois mois avant votre départ. La coach conseille d'engager le
dialogue bien en amont, au mois cinq ou six mois avant.
« Gardez votre projet secret et envoyez une
lettre en recommandé trois mois avant de partir, sans explication, vous rompez
la communication avec votre employeur, qui sera devant le fait
accompli. Cela n'augure rien de bon ».
Vous
ne disparaissez pas (totalement)
Votre année se passe comme prévue : c'est un délice. Vous allez
bientôt retrouver votre poste avec mêmes responsabilités et même salaire.
Pourtant les choses auront inéluctablement changé. D'autres salariés
seront partis, remplacés, des alliances et amitiés nouées.
« Vous n'allez pas revenir du jour au lendemain comme si
vous reveniez de vacances. Trois mois avant, commencez à poser les jalons
», assure Valérie Moissonnier.
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