Dans le monde, un Nouvel An placé sous le signe du risque terroriste
Dans quelques heures, l'année 2015 se refermera. A Paris, des milliers de personnes passeront le réveillon du Nouvel An sur les Champs-Élysées, une tradition pour la Saint-Sylvestre. Mais après une année marquée par les attaques terroristes, l’événement se déroulera sous haute surveillance. La sécurité est d'ailleurs au cœur des préparatifs dans de nombreux pays.
Moins de festivités pour plus de sécurité. Voilà les maîtres mots du réveillon de ce 31 décembre 2015 à Paris. Fini, le spectacle pyrotechnique. Les fêtards devront se contenter de quelques minutes de vidéo projetée avant minuit sur l'Arc de triomphe. L'objectif est d'éviter une concentration de foule autour du célèbre monument parisien.
Michel Cadot est le préfet de police de Paris. « Pour gérer la foule, relate-t-il, 11 000 policiers, gendarmes, pompiers et militaires seront à pied d’œuvre dans l'agglomération parisienne, soit près de 20 % de plus qu'en 2014. Et sur les Champs-Élysées, les contrôles seront renforcés. » Avec ces mesures, la préfecture espère une foule moins dense que les années précédentes. En 2014, 600 000 personnes avaient passé le réveillon sur les Champs-Élysées.
• En Belgique, le Premier ministre assume l'annulation des évènements du jour
Pas de festivités du Nouvel An à Bruxelles. C'est une décision du bourgmestre de la capitale belge rendue publique mercredi 30 décembre, après une réunion avec le responsable de la police. C'est bien le risque d'attentats qui a motivé ce choix. L'an dernier, l'évènement avait attiré 100 000 personnes.
Le choix est douloureux, mais il s'imposait, estime le Premier ministre Charles Michel au micro de la radiotélévision RTBF. « Chacun mesure bien, et certainement depuis les dernières semaines, que l'on vit en Europe, en France, en Belgique, une situation exceptionnelle, une situation inédite. Il y a une menace générale de niveau 3, c'est-à-dire une menace qui est possible et vraisemblable. Il y a une inquiétude particulière sur les évènements de masse. »
« C'était une décision, je le mesure bien, délicate, difficile à prendre, ajoute M. Michel. Tout le monde, moi le premier, nous souhaitons aller le plus vite possible vers ce que j'appelle un retour à la vie normale. Mais dans cette situation incertaine, où des enquêtes sont en cours, où des informations nous arrivent, à nos services de sécurité, pratiquement heure après heure, il m'apparait que cette décision est juste et fondée et je veux dire ma solidarité avec cette décision. »
• Aux Etats-Unis, le doute reste de mise malgré le calme apparent
A New York, ça grouille toujours autant à Times Square, et les préparatifs pour les festivités battent leur plein, rapporte notre correspondant à New York, Grégoire Pourtier. La scène pour le spectacle a été montée, des camions satellites et des plateaux télés sont déjà installés. Au milieu de la foule, Jean-Pierre propose des visites touristiques. Il est là tous les jours, et il constate qu'il y a autant de monde que d’habitude, mais davantage de policiers que lors des dernières années, « pour éviter les choses qui se sont passées dans les autres pays à cause des terroristes ».
Le dispositif reste cependant assez discret. Quelques voitures de police sont stationnées et certains agents arborent des fusils mitrailleurs impressionnants, mais finalement bien moins visibles que Dark Vador ou Mickey posant en photo avec les enfants. Ce jeudi, la circulation sera fermée à partir de 16 h, et il faudra se soumettre à une fouille obligatoire pour entrer dans un périmètre de 20 pâtés de maisons.
Les autorités ont assuré qu'aucune menace crédible ne pesait sur la ville, mais le maire a affirmé que la sécurité serait plus conséquente que jamais, notamment à Times Square, où sont attendues un million de personnes. Dans ces secteurs, 6 000 policiers seront mobilisés, dont des éléments de la nouvelle brigade spécialisée contre le terrorisme. Chiens renifleurs d'explosifs, détecteurs de produits chimiques ou radioactifs, agents en civil au milieu du public... Tout a été fait pour que la fête puisse se dérouler sans encombre.
• En Indonésie, la menace ne concerne plus seulement les étrangers
Des millions de personnes sont également dans les rues ce jeudi soir pour fêter le Nouvel An en Indonésie, le pays musulman le plus peuplé au monde où la police sera également en état d’alerte maximale, notamment à Jakarta, où plusieurs attentats ont été déjoués cette semaine. Quelque 150 000 policiers et militaires ont été déployés dans tout l’archipel, où de vastes opérations antiterroristes sont toujours en cours, explique notre correspondante Jeanne Lefèvre.
Les services de sécurité ont déjà arrêté deux hommes soupçonnés de projeter un attentat-suicide dans la capitale le soir du Nouvel An. Ils avaient avec eux du matériel servant à la fabrication de bombes, un drapeau similaire à celui du groupe Etat islamique, ainsi qu’un plan du site où devait avoir lieu l’attentat. L’un des deux a déclaré agir sous les ordres d’un extrémiste habitant en Syrie. Sa mission : aider des volontaires indonésiens à rejoindre les rangs de l’Etat islamique.
La semaine dernière, cinq autres personnes, soupçonnées d'appartenir à un réseau proche de l'organisation EI, ont été arrêtées. Selon le quotidien Jakarta Globe, ils projetaient des attentats à la bombe contre des communautés chiites de Java et de Sumatra. C’est un fait nouveau, car l'Indonésie a déjà été victime d’attentats terroristes, mais ce sont les étrangers qui étaient visés, comme en 2002 à Bali, où plus de 200 touristes avaient trouvé la mort. Dorénavant, ce sont bien les Indonésiens qui sont visés.
• En Russie, on craint d'être à nouveau la cible d'une attaque terroriste
La Russie, elle aussi, redouble de vigilance, particulièrement à Moscou, rapporte notre correspondant, Etienne Bouche. Cette année, l'emblématique place Rouge ne sera pas accessible aux visiteurs, alors que c’est traditionnellement l'un des lieux les plus prisés des Moscovites pour le Nouvel An. La place scintille, on vient y écouter les cloches du Kremlin qui sonnent à minuit. Cette année, un concert y est organisé en ce 31 décembre, retransmis en direct sur la première chaîne publique, mais seule une audience restreinte pourra assister à l'évènement. La sélection s’est faite sur invitation.
L’interdiction de l'accès à la place Rouge est une première pour un jour de réveillon. Le maire de Moscou, Sergueï Sobianine, l’a rappelé récemment, « ce n’est un secret pour personne que Moscou est une cible de choix pour les terroristes ». Les autorités russes le savent, le pays est particulièrement exposé à la menace terroriste. Les mesures de sécurité se sont accrues après l’attentat du Sinaï, qui a coûté la vie à 224 personnes, dont la quasi-totalité était russe. C'est visible, les services de sécurité sont sur les dents, notamment dans les aéroports et les gares. Le renforcement des effectifs se voit surtout à l’entrée des centres commerciaux et des lieux très fréquentés à cette période de l’année.
Au Detski Mir, par exemple - « le monde des enfants » -, les contrôles des effets personnels sont systématiques à l’entrée de ce temple du jouet qui s’étale sur plusieurs étages. La police patrouille dans le métro avec des chiens. La presse régionale rapporte des mesures similaires dans le reste du pays. A Toula par exemple, à 200 km au sud de la capitale, 120 policiers sont mobilisés sur la place centrale de la ville pendant la nuit du réveillon. A Vladikavkaz, dans le Caucase, les marchés sont fermés jusqu’au 3 janvier. La Russie mène des frappes aériennes en Syrie, et cette implication la range parmi les cibles prioritaires du groupe Etat islamique.
→ lire aussi : L'organisation EI revendique l'attentat au Daguestan
avec Rfi.fr
Aucun commentaire