Coup d'État militaire au Burkina Faso : la destitution du président de transition annoncée jeudi à la télévision nationale
Un militaire burkinabé a annoncé jeudi à la télévision
nationale la destitution du président de transition, Michel Kafando, ainsi que
la dissolution de son gouvernement. Ce coup d'État avait débuté mercredi soir
par une prise d'otage en plein conseil des ministres.
Le Burkina Faso est confronté
à une tentative de coup d'État. Jeudi matin, le lieutenant-colonel Mamadou
Bamba a annoncé, dans un message lu à la télévision, avoir «dissous» les
institutions de la transition et promis d'organiser des «élections inclusives».
Le général Gilbert Diendéré a été nommé par la junte comme «chef du conseil de
transiton».
Des soldats
du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) détiennent
depuis mercredi le président par intérim Michel Kafondo, le
premier ministre Isaac Zida et plusieurs ministres dans une caserne du palais
de Kosyam. Le RSP fut fondé en 1996 et choyé par Blaise Compaoré,
l'ex-président destitué par un mouvement populaire en octobre 2014.
Cette garde
prétorienne de l'ancien régime s'est depuis régulièrement confrontée avec les
autorités de transition qui ont remplacé Blaise Compaoré. Des officiers ont
ainsi déjà exigé le départ du premier ministre, pourtant ex-numéro 2 du RSP.
«Ce coup d'État est une nouvelle tentative de CDP (l'ex-parti au pouvoir) de
revenir dans le jeu et de garder de l'influence. L'exclusion de la course
électorale de certains barons risque de leur faire tout perdre», assure une
source à Ouagadougou.
Le choix de
Diendéré, qui fut longtemps le tout puissant chef du RSP et très proche de
Blaise Compaoré, confirme cette hypothèse.
Cette fois,
les auteurs du coup de force vont plus loin. Ils tentent de prendre la main
pour dénoncer une loi n'autorisant pas les partisans de l'ancien président
Compaoré à se présenter aux élections présidentielle et législatives qui
doivent avoir lieu le 11 octobre.
Ce texte controversé rend «inéligibles» 42
personnalités, accusées d'avoir soutenu la tentative de Blaise Compaoré de se
maintenir au pouvoir. «Une large concertation est engagée pour former un
gouvernement qui se dévouera à la remise en ordre politique du pays et à la
restauration de la cohésion nationale pour aboutir à des élections inclusives
et apaisées», a affirmé le putschiste.
Vaines négociations
A ce
mouvement de colère, s'en ajoute un autre venu de la base de RSP cette fois.
Lundi, le comité avait suggéré la dissolution du RSP et son remplacement par un
corps d'élite de la police. «La colère du RTSP vient un peu de ces deux choses.
Mais ni tous les militaires, ni même tout le RSP, ne font pas partis du
mouvement. C'est un groupuscule», assure un encore la même source.
Toute la
nuit, des négociations, conduites par l'ancien chef d'état Jean-Baptiste
Ouédraogo, ont eu lieu pour tenter de trouver une issue pacifique à la crise.
Avant même
la déclaration des militaires, le président du Conseil national de la transition
(assemblée de transition) Cheriff Sy, avait dénoncé un «coup d'État» et appelé
sur RFI «le peuple à se mobiliser immédiatement contre cette forfaiture». De
son côté, Salif Diallo, le conseiller d'un des principaux candidats à la
présidentielle avait exclu tout arrêt de la transition. «Nous tiendrons le
calendrier, que les militaires le veuillent ou non», appelant à se mobiliser.
« Nous
sommes mobilisés et nous ne laisserons pas faire. Le peuple tient à sa
révolution », Guy-Hervé Kam, porte-parole du Balai citoye.
Jeudi matin,
les militaires quadrillaient la ville, tirant en l'air pour éviter le
regroupement, notamment place de la Révolution, d'où étaient parties les
marches contre Blaise Compaoré. «Ils patrouillent et font feu dès qu'ils nous
voient», raconte le leader étudiant Serge Bayala. «Nous sommes mobilisés et
nous ne laisserons pas faire. Le peuple tient à sa révolution», déclare pour sa
part Guy-Hervé Kam, porte-parole du Balai citoyen, l'une des principales
organisations de la société civile burkinabè.
Ce groupe très actif semble
particulièrement ciblé par les militaires. Jeudi, Smokey, son chef, a assuré
sur Twitter que son domicile avait été perquisitionné. «Mais les choses sont
difficiles. Nous sommes confrontés à des gens armés. La communauté
internationale doit nous aider sans attendre qu'il y ait de morts».
avec Lefigaro.fr
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