Le mythe de la fin des partis politiques
De nombreux responsables politiques, notamment à gauche, plaident pour
la création de nouvelles formations politiques, au-delà des clivages
partisans. Mais les déclarations d'intention se heurtent à la réalité
institutionnelle.
avec lefigaro.fr
Les partis politiques n'ont plus la cote. Et c'est un euphémisme: selon un récent sondage
BVA pour Orange et iTélé, la majorité des Français considèrent que les
formations politiques traditionnelles ne comprennent pas les problèmes
du pays. Au sein des structures partisanes, l'heure est à la désertion.
Dernier exemple en date: Nouvelle Donne, parti politique pourtant récent et qui défend de nouvelles pratiques, a subi 60 départs de ses éminents responsables et militants, et une érosion de ses adhérents.
Le Parti socialiste, qui paye ses multiples divisions, souffre depuis 2006 de départs massifs: seuls 131.000 adhérents seraient à jour de cotisation, bien loin de l'objectif des 500.000 fixé par Jean-Christophe Cambadélis pour 2017. La droite fait aussi grise mine depuis la guerre Copé-Fillon de 2012 qui a déçu un certain nombre de militants ex-UMP.
Alors, les cadres des partis, surtout à gauche, se vantent de vouloir dépasser les clivages politiques. «Mouvement citoyen» pour le député européen Jean-Luc Mélenchon et sa VIème République, «mouvement commun» pour le député socialiste frondeur Pouria Amirshahi, «pôle» de la galaxie écolo-centriste pour Jean-Vincent Placé, Jean-Luc Bennahamias ou encore Corinne Lepage, «mouvement d'idées» pour Jean-Pierre Chevènement, qui vient de quitter son parti, «alliance rouge-rose-verte» rapidement avortée pour Pierre Laurent et Cécile Duflot... Les initiatives ne manquent pas. Même le socialiste Arnaud Montebourg et le centriste Yves Jégo, pourtant très éloignés sur le plan idéologique, ont tenté récemment un rapprochement thématique pour promouvoir la fabrication française, sous la bannière énigmatique «Vive la France».
En France, «la suite sera un mouvement citoyen dépassant les partis», veut croire Jean-Luc Mélenchon. Mais ses «listes citoyennes» pour les régionales peinent à se former. Dans l'Hexagone, le mouvement des Indignés n'a jamais infusé, et les annonces sont souvent sans lendemain. «Le jeu politique français est très fermé, avec des règles très conservatrices comme le scrutin majoritaire à deux tours, qui n'encourage pas à la formation de nouveaux mouvements», analyse Mathieu Vieira, chercheur en sciences politiques à l'IEP de Grenoble. «L'alternative politique en France est particulièrement risquée pour les acteurs», ajoute-t-il.
Les déclarations d'intention fleurissent en faveur de nouvelles formations transpartisanes dont personne ne connaît réellement les contours. «Ces éléments de langage participent au jeu interne des partis, cela permet de brandir la menace de la scission et différencie les acteurs», explique Matthieu Vieira. Le politologue identifie plusieurs raisons à ce phénomène: les affaires, qui touchent les partis traditionnels (PS, UMP, et désormais FN), le besoin de nouveaux modèles pour enrayer la crise de la représentation et la réponse à une demande des citoyens à plus de démocratie directe et de participation.
La fin des partis politiques? Les spécialistes n'y croient pas vraiment. «L'émergence de nouvelles alternatives politiques paraît difficile sans réforme des institutions de la Vème République», considère Matthieu Vieira. Même conclusion du constitutionnaliste Didier Maus: «Les partis politiques n'ont aucune chance de mourir, ils sont intimement liés à la démocratie».
Pour lui, ces nouveaux mouvements finiraient donc immanquablement par se constituer en parti pour participer au jeu démocratique. Car s'il est possible de se présenter à des élections sans être membre d'un parti, cela ne se fait pas sans difficultés. «Le système institutionnel favorise les partis politiques à forte audience plutôt que ceux qui s'apparentent à des clubs de pensée.
Le parrainage pour l'élection présidentielle, par exemple, est plus facile avec du réseau», détaille Didier Maus. Les partis politiques vont mourir... Et ils ne le savent pas, prédisait l'ancien leader communiste Robert Hue dans son ouvrage paru en septembre. Ce n'est peut-être pas aussi simple.
Le Parti socialiste, qui paye ses multiples divisions, souffre depuis 2006 de départs massifs: seuls 131.000 adhérents seraient à jour de cotisation, bien loin de l'objectif des 500.000 fixé par Jean-Christophe Cambadélis pour 2017. La droite fait aussi grise mine depuis la guerre Copé-Fillon de 2012 qui a déçu un certain nombre de militants ex-UMP.
Alors, les cadres des partis, surtout à gauche, se vantent de vouloir dépasser les clivages politiques. «Mouvement citoyen» pour le député européen Jean-Luc Mélenchon et sa VIème République, «mouvement commun» pour le député socialiste frondeur Pouria Amirshahi, «pôle» de la galaxie écolo-centriste pour Jean-Vincent Placé, Jean-Luc Bennahamias ou encore Corinne Lepage, «mouvement d'idées» pour Jean-Pierre Chevènement, qui vient de quitter son parti, «alliance rouge-rose-verte» rapidement avortée pour Pierre Laurent et Cécile Duflot... Les initiatives ne manquent pas. Même le socialiste Arnaud Montebourg et le centriste Yves Jégo, pourtant très éloignés sur le plan idéologique, ont tenté récemment un rapprochement thématique pour promouvoir la fabrication française, sous la bannière énigmatique «Vive la France».
Les mythes Syriza et Podemos
Les exemples étrangers font rêver certains politiques français. En Grèce, le leader de Syriza, Alexis Tsipras, est devenu premier ministre en janvier, un peu plus d'un an après que Syriza, qui regroupe treize formations politiques, se soit constitué en parti. En Espagne, le parti politique Podemos, né en janvier 2014 à partir de la mobilisation sociale des Indignés, a conquis plusieurs grandes villes du pays comme Madrid, Barcelone, ou Saragosse aux dernières municipales.En France, «la suite sera un mouvement citoyen dépassant les partis», veut croire Jean-Luc Mélenchon. Mais ses «listes citoyennes» pour les régionales peinent à se former. Dans l'Hexagone, le mouvement des Indignés n'a jamais infusé, et les annonces sont souvent sans lendemain. «Le jeu politique français est très fermé, avec des règles très conservatrices comme le scrutin majoritaire à deux tours, qui n'encourage pas à la formation de nouveaux mouvements», analyse Mathieu Vieira, chercheur en sciences politiques à l'IEP de Grenoble. «L'alternative politique en France est particulièrement risquée pour les acteurs», ajoute-t-il.
Les déclarations d'intention fleurissent en faveur de nouvelles formations transpartisanes dont personne ne connaît réellement les contours. «Ces éléments de langage participent au jeu interne des partis, cela permet de brandir la menace de la scission et différencie les acteurs», explique Matthieu Vieira. Le politologue identifie plusieurs raisons à ce phénomène: les affaires, qui touchent les partis traditionnels (PS, UMP, et désormais FN), le besoin de nouveaux modèles pour enrayer la crise de la représentation et la réponse à une demande des citoyens à plus de démocratie directe et de participation.
La fin des partis politiques? Les spécialistes n'y croient pas vraiment. «L'émergence de nouvelles alternatives politiques paraît difficile sans réforme des institutions de la Vème République», considère Matthieu Vieira. Même conclusion du constitutionnaliste Didier Maus: «Les partis politiques n'ont aucune chance de mourir, ils sont intimement liés à la démocratie».
Pour lui, ces nouveaux mouvements finiraient donc immanquablement par se constituer en parti pour participer au jeu démocratique. Car s'il est possible de se présenter à des élections sans être membre d'un parti, cela ne se fait pas sans difficultés. «Le système institutionnel favorise les partis politiques à forte audience plutôt que ceux qui s'apparentent à des clubs de pensée.
Le parrainage pour l'élection présidentielle, par exemple, est plus facile avec du réseau», détaille Didier Maus. Les partis politiques vont mourir... Et ils ne le savent pas, prédisait l'ancien leader communiste Robert Hue dans son ouvrage paru en septembre. Ce n'est peut-être pas aussi simple.
avec lefigaro.fr
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