Ankara attaque la région de Kobane contrôlée par les Kurdes de l'YPG
Ankara poursuit sa campagne de bombardements en
Irak et en Syrie, visant pour la première fois les Kurdes de Kobane.
Dans un communiqué, l'YPG exhorte ce matin la Turquie à cesser son
«agression». Sur le plan intérieur, le pays est secoué par des violences
en réactions aux arrestations dans les milieux kurdes, d’extrême-gauche
et également islamistes, les trois cibles désignées par le
gouvernement. Plus de 850 personnes, suspectées de terrorisme, ont été
arrêtées en trois jours et les attaques contre la police se multiplient :
un policier a été tué hier à Istanbul.
Le Premier ministre Ahmet Davutoglu l’a souligné dimanche soir : « ce ne sont pas des frappes ponctuelles, c’est un processus inscrit dans la durée », a-t-il souligné, indiquant que la Turquie avait effectivement déclenché une guerre totale contre ceux qui représentent une menace terroriste. Il n’évoque quasiment que l’aspect kurde de cette double opération militaire. La Turquie a « montré sa force et bouleversé les équilibres régionaux » s'est félicité le chef du gouvernement turc.
Hier soir, les F-16 d’Ankara ont repris leurs rotations sur les bases arrière du PKK au Kurdistan irakien pendant près de 4h, faisant apparemment plus de victimes civiles que parmi les combattants kurdes. Les bombardements aériens ont également, comme les fois précédentes, ciblé en Syrie quelques positions de l’organisation Etat islamique près du poste frontière de Jarablous, le seul encore contrôlé par les jihadistes, et le long du fleuve Euphrate, qui constitue un couloir vital ouvrant l’accès à la Turquie pour l’organisation islamiste.
Une zone contrôlée par l'YPG attaquée
Dans la soirée, le Premier ministre Ahmet Davutoglu a promis qu’il ne resterait, à terme, « plus la moindre présence de l’Etat islamique le long de la frontière ». Mais, de manière plus surprenante, les obus tirés par des tanks turcs ont également atteint des positions kurdes dans le canton de Kobane. Le commandement des forces kurdes syriennes, l'YPG, signale que quatre combattants ont été blessés en plus des victimes civiles, et somme Ankara de respecter la légalité internationale, faute de quoi il ripostera contre l’armée turque. Intervenir dans ce territoire kurde peut s’avérer particulièrement risqué pour la Turquie : c'est quasiment ouvrir un troisième front.
Réunion d'urgence de l'OTAN réclamée
La Turquie a demandé une réunion d’urgence du Conseil de l’Otan aux termes de l’article 4 de la convention de Washington, qui vise à informer ses alliés. Elle se tiendra ce mardi.
Ce n’est qu’après cette réunion préalable que la Turquie peut éventuellement demander l’aide des alliés du Pacte Atlantique pour participer à sa défense contre une menace extérieure (article 5) mais il est peu probable que ce soit ce que cherche la Turquie, car ses partenaires risquent de lui demander qui l'a agressé militairement, et là Ankara sera gênée pour répondre : c’est une attaque asymétrique à laquelle la Turquie dit devoir répondre, il s’agit d’attentats terroristes sur le sol turc, donc une affaire quasi-interne qui ne rentre pas dans le cadre du protocole de solidarité de l’Otan.
Les Turcs cherchent peut-être davantage un soutien politique : les Européens comme les Américains ne condamnent pas les bombardements turcs en Syrie ou en Irak, mais au sujet des Kurdes notamment, ils appellent Ankara à tout faire pour préserver le cessez-le-feu et à reprendre les négociations de paix.
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avec Rfi.fr
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