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‘Sheng’ ou un mélange de kiswahili : la nouvelle langue Africaine qui aplanit les divisions tribales



Une nouvelle langue africaine est en train de réduire les tensions et de rassembler les jeunes dans des secteurs autrefois déchirés par les violences tribales. Les universitaires sont tellement impressionnés par le potentiel de cette langue qui fera l'objet d'une présentation majeure lors de l'édition 2015 d'eLearning Africa, la plus grande conférence africaine consacrée à l'enseignement, à la formation et au développement assistés par les technologies. Une plateforme sociale est chargée de la promotion de la nouvelle langue africaine.
Baptisée ‘Sheng’, cette langue est un mélange de kiswahili, d'anglais et d'un certain nombre de mots tribaux kenyan, le tout assorti de quelques bribes d'arabe, d'hindou, de français, d'allemand, d'espagnol et d'italien. Elle est née dans les rues de Nairobi, dans certains des quartiers les plus touchés par les violences qui ont suivi les élections de 2007-2008.

Aujourd'hui, une « initiative d'entreprise sociale » kenyane baptisée ‘Go Sheng’ s'efforce de glorifier et de promouvoir cette langue presque exclusivement utilisée par les jeunes au point qu'elle est devenue la première langue parlée par de nombreux jeunes kenyans urbains.

L'initiative sert de plateforme de dialogue social pour le nombre croissant d'utilisateurs de la langue. En cela, elle permet à une puissante culture alternative de s'exprimer, tout en célébrant les nombreuses langues tribales qui composent le Sheng, ce qui a pour effet d'apporter un peu d'harmonie culturelle et de compréhension mutuelle à un pays trop souvent divisé ces dernières décennies.

Nation cosmopolite moderne, le Kenya reste, en effet, en proie à des divisions ethniques souvent exacerbées par des problèmes politiques, culturels et de répartition des terres. Pour de nombreux jeunes, la langue et la culture Sheng semblent être un moyen de surmonter ces divisions traditionnelles. Basé sur de multiples langues tribales kenyanes, le Sheng offre à des jeunes plutôt marginalisés un sentiment d'appartenance puisqu'ils peuvent participer à la définition de cette langue en évolution constante. Peut-être représente-t-elle aussi pour eux un moyen de remettre en question les idéologies et les identités dominantes qui les définissent habituellement.

‘Go Sheng’ utilise différents moyens pour démystifier, documenter, archiver et développer la langue et la culture Sheng. À ce jour, sa principale réalisation a été la création d'un dictionnaire de Sheng de plus de 3 900 mots qui continue à se développer rapidement.

L'ouvrage sert également de ressource sociale puisque les membres inscrits peuvent y ajouter de nouveaux mots ou expressions qui sont ensuite soumis au vote des autres membres avant d'être acceptés comme authentiques. 

Go Sheng gère également un site Internet, un forum et plusieurs réseaux sociaux qui rassemblent une communauté en ligne d'environ 15 000 participants actifs. 

Selon Kelvin Okoth, responsable des relations publiques et chef de projet chez Go Sheng,  ‘’Le Sheng pourrait s'immiscer de manière durable dans le pays. Dans son rôle de conservateur, Go Sheng espère préserver cette langue urbaine et offrir une plateforme de dialogue social aux personnes qui la pratiquent’’.

Go Sheng sera présentée lors de la conférence eLearning Africa 2015, qui aura lieu du 20 au 22 mai au siège social de l'Union africaine à Addis-Abeba, Éthiopie.



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