"La sécurité règne au Burundi"
"La paix et la sécurité règnent sur 99,9% du territoire burundais", a estimé M. Nkurunziza, soulignant que la contestation ne concernait que quatre quartiers de la capitale. Il s'agit de sa troisième adresse à la Nation depuis l'échec d'un coup d'État militaire contre lui les 13 et 14 mai. La communauté internationale et les pays de la région ont jugé le climat actuel au Burundi peu propice aux élections à venir. M. Nkurunziza avait annoncé dans la matinée le report du 26 mai au 5 juin des législatives et communales. La présidentielle - coeur de la crise - reste fixée au 26 juin, malgré la suppression du financement des scrutins par les bailleurs.
"Toutes les 119 communes que compte le pays sont calmes. Il en est de même de toutes les 18 provinces que compte le Burundi", a affirmé le président Nkurunziza. "Sur 3.002 collines et quartiers, 2.998 collines et quartiers sont calmes", a insisté le chef de l'État, et "ce mouvement d'insurrection" n'est "signalé que dans quatre quartiers de la mairie de Bujumbura uniquement". Aux journalistes, "particulièrement étrangers", il a rappelé que "le pays ne se limite pas à ces seuls quatre quartiers" et a mis "en garde" les médias locaux et internationaux "qui tenteraient de diffuser des informations de nature à semer la haine et la division entre Burundais et à jeter le discrédit sur le Burundi ou encourager des mouvements d'insurrection surtout pendant cette période électorale".
Radios détruites
L'essentiel des médias privés du Burundi - quatre radios accusées de soutenir le mouvement de contestation et une radio réputée proche du parti présidentiel - a été détruit lors de la tentative de coup d'Etat. Seule la Radio-télévision nationale du Burundi (RTNB), sur laquelle le président s'est exprimé mercredi soir, et la radio de l'Eglise catholique continuent à émettre. Dans son adresse, M. Nkurunziza a une nouvelle fois estimé que l'actuel "mouvement d'insurrection" - comme les autorités burundaises qualifient la contestation actuelle - était "intimement lié (au) coup d'État manqué". Il a parallèlement qualifié la destruction des cinq radios de "crime", dont les auteurs seront traduits en justice, assurant que des enquêtes étaient en cours.
Avant le coup d'État, les quatre radios indépendantes s'étaient vues accusées de relayer les appels aux manifestations, et la RPA, la radio la plus écoutée du pays avait été fermée par les autorités. Des journalistes de ces médias disaient avoir été menacées par les autorités, d'autres se cachent actuellement, tandis que des responsables des radios détruites se sont vus interdire l'accès à leurs locaux. Les médias étrangers se voient eux régulièrement reprocher de couvrir de façon excessive le mouvement de contestation et in fine de l'attiser, notamment en insistant sur la répression policière et ses excès, la police ouvrant parfois le feu à balles réelles sur les manifestants.
L'ensemble des correspondants et envoyés spéciaux étrangers au Burundi ont été convoqués jeudi matin au Conseil national de la Communication (CNC), l'organe de régulation du secteur. L'ordre du jour n'a pas été communiqué. La candidature du président Nkurunziza - élu en 2005 et réélu en 2010 - à un troisième mandat, jugé inconstitutionnel par ses adversaires, a déclenché le 26 avril un mouvement de contestation, émaillé de violences entre contestataires et policiers qui ont fait une vingtaine de morts. Les protestations sont pour l'heure essentiellement limitées à quatre quartiers périphériques de Bujumbura où les policiers bloquent les manifestants pour les empêcher de converger vers le centre-ville.
- La Belgique s'oppose au troisième mandat de Nkurunziza
- Opération de police dans un quartier contestataire au Burundi
- Les élections burundaises reportées, un soldat tué
- Ménage dans le gouvernement burundais, les manifestations continuent
Lire aussi
avec Afp
Aucun commentaire