La Grèce entame un nouveau marathon pour convaincre ses créanciers
Le premier ministre Alexis Tsipras se rendra à Paris ce jeudi puis Bruxelles vendredi pour tenter défendre son programme de réformes et accélérer le versement de l'aide promise. Des experts du «groupe de Bruxelles», nouveau nom de la troïka, seront d'ailleurs à Athènes aujourd'hui.
Alexis Tsipras se lance dès aujourd'hui dans une nouvelle course contre la montre pour convaincre ses partenaires européens de sa bonne volonté. Le premier ministre grec,dont le pays est étranglé financièrement, va défendre ce jeudi à Paris son programme de réformes auprès du chef de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Angel Gurria. Vendredi, il se rendra à Bruxelles pour un rendez-vous crucial avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.
Athènes doit absolument convaincre ses créanciers qu'elle souhaite mettre en place les réformes nécessaires au versement d'une tranche de 7,2 milliards d'euros, promise lors de la prolongation pour quatre mois du programme d'aide, conclue fin février. Cette somme ne sera pas débloquée tant que les réformes ne seront pas clairement définies en accord avec les créanciers. Ces derniers ont déjà fait savoir qu'aucun euro ne serait versé avant avril, comme l'espérait pourtant le gouvernement Tsipras.
6 milliards en mars, 420 millions en avril, 900 millions en mai, etc.
La Grèce doit en effet faire face à des échéances importantes en mars alors que les caisses de l'État se vident. Au total, le pays doit rembourser plus de 6 milliards d'euros ce mois-ci, dont 1,5 milliard pour le FMI. Pour mars, Athènes assure pouvoir honorer ses dettes en puisant dans les caisses de sécurité sociale et en utilisant les subventions européennes. Le pays a également levé 1,3 milliard d'euros en bons du Trésor à trois mois (à un taux plus élevé que l'émission similaire il y a un mois, signe de la méfiance des investisseurs). Mais le pays aura du mal à faire face à ses créanciers dans les mois à venir. Le pays doit, entre autres, rembourser au FMI 420 millions d'euros en avril, 900 millions en mai et 1,45 milliard en juin. Juillet et août seront aussi compliqués avec des échéances de 6,7 milliards d'euros à la BCE.
L'aide de 7,2 milliards est donc vitale. Malgré ses réticences, la Grèce a donc accepté d'entamer des négociations avec ses bailleurs de fonds pour «avancer sur le détail des réformes», selon une porte-parole de la Commission, Mina Andreeva. Seule victoire pour Athènes: la troïka est enterrée au profit du «groupe de Bruxelles», un quintet qui regroupe des représentants du gouvernement grec, de l'Union européenne (UE), de la Banque centrale européenne (BCE), du Mécanisme européen de stabilité (MES) et du Fonds monétaire international (FMI). Après des négociations «politiques et techniques» à Bruxelles mercredi, des experts de ce groupe de Bruxelles se rendent ce jeudi à Athènes.
Des réformes insuffisantes, Tsipras revoit sa copie
Pour les créanciers, la liste de réformes présentée en fin de semaine dernière (réactivation d'un conseil fiscal indépendant, embauche de contrôleurs fiscaux, mise en vente de licences pour les sociétés de jeux en ligne….) est insuffisante. Elles n'a d'ailleurs pas été discutée lors de l'Eurogroupe de lundi. Alexis Tsipras s'est engagé à l'enrichir d'ici avril. Le chef de la file de la zone euro, Jeroen Dijsselbloem, a déploré «une perte complète de temps»...
En attendant, la guerre des mots se poursuit. Le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, a affirmé sur l'antenne de la chaîne de télévision grecque Mega TV que la BCE mène une politique «asphyxiante» à l'égard de la Grèce dans le but de contraindre son gouvernement et ses créanciers à parvenir à un accord sur sa dette. La tension monte aussi d'un cran entre la Grèce et l'Allemagne. La nuit dernière, le gouvernement Tsipras s'est dit prêt à saisir les avoirs allemands sur le territoire grec après avoir relancé la commission parlementaire chargée de réfléchir aux dédommagements de la Seconde Guerre mondiale. Le porte-parole du gouvernement allemand Steffen Seibert a appelé la Grèce à «se concentrer sur les problèmes actuels».
avec lefigaro.fr
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