Découverte du département de Ziguinchor: Sindone, un village à l’accent portugais
Département de Ziguinchor: Sindone, un village à l’accent portugais. L’un des plus vieux villages de la Casamance, Sindone, a accueilli, durant 300 ans, des Portugais. Le seul bourg dans cette partie sud du Sénégal où les populations usent du créole au même titre que celles de la proche Guinée-Bissau. À l’instar de beaucoup de villages de la verte Casamance, Sindoné a été victime de l’irrédentisme casamançais. Cette localité pas comme les autres, avec une population en majorité chrétienne, regorge encore de quelques traces islamiques avec le séjour du grand conquérant et guide religieux, Elhadj Omar Foutiyou Tall.
Sindone, un village à l’accent portugais dans le Département de Ziguinchor
Logé presque dans la « gueule » de Ziguinchor et de Goudomp, Sindone est à mi-chemin de ces deux grandes villes.
À 24 km de la capitale du sud et à 26 km de Goudomp, région de Sédhiou. Il est l’un des villages les plus anciens au Sénégal. Terre « portugaise », elle portait fièrement le nom de « terra de metadi ».
À l’époque, en quittant Carabane pour rallier Sédhiou, Sindone était au milieu et il fallait impérativement y passer avant d’atteindre Sédhiou.
L’histoire évoluant, les délimitations géographiques changeant, des verrous ont sauté.
Trouvant le village stratégique dans un environnement géopolitique avec la colonisation, les Portugais en ont fait une terre d’accueil et s’y sont installés pendant 300 ans.
Aujourd’hui encore, les vestiges de leur passage sont visibles dans le village qui était au bord du fleuve où les Portugais avaient installé des comptoirs commerciaux.
De grosses pierres rouges, reliques d’anciens bâtiments et les restes des comptoirs, marqueurs du passage des Portugais, sont encore visibles.
Créole aussi soutenu que celui parlé par la population bissau-guinéenne
Cette longue présence des Portugais a fait que tous les villageois de Sindone parlent le « créole » contrairement aux autres villages où les langues locales s’imposent. Un créole aussi soutenu que celui parlé par la population bissau-guinéenne.
« Ce n’est même pas le créole que l’on parle en Guinée-Bissau. Un vieil animateur de la radio bissau-guinéenne aimait à dire que si les gens voulaient entendre le vrai créole, il fallait qu’ils se rendent à Sindoné », explique M. Mathieu Badiane.
De confession chrétienne en majorité, le bourg a accueilli des pères missionnaires. Parmi eux, l’un des plus célèbres, répondant au nom de père Esvon et dont la maison d’accueil s’appelait « casa di padro » (la maison du prêtre).
Elle est aujourd’hui la propriété du diocèse. « Le père Esvon faisait souvent escale à Sindoné et y a même construit une chapelle », explique M. Badiane, agent sanitaire.
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Des années plus tard, Sindone a accueilli d’autres ethnies de confession musulmane. Une diversité religieuse avec une population chrétienne, musulmane et animiste qui vit dans une parfaite harmonie avec la prédominance de la religion chrétienne.
Le village s’est ainsi agrandi au fil des années. Mathieu Badiane renseigne que le foyer de Sindone a été créé par un père missionnaire spirituel du nom de Josaliyente, qui vit jusqu’à présent en France au foyer de Steno.
Au Sénégal, il n’existe que deux foyers. Celui du Cap des Biches à Dakar et le foyer de charité de Sindone dirigé par un prêtre sénégalais du nom de Paul Bacary Mané qui a succédé au défunt père Ernest Amana, originaire de Afignam.
« Le foyer reçoit toute personne sans distinction de race, de religion. Les gens viennent de partout pour une retraite spirituelle et mieux s’armer et répondre aux appels du Seigneur », renseigne M. Badiane.
Le passage de l’érudit musulman Elhadj Omar Foutiyou Tall…
Selon les historiens, le conquérant et guide religieux Elhadj Omar Foutiyou Tall a séjourné à Sindone et les traces de son séjour sont encore visibles.
Il se raconte qu’à son arrivée dans le village, pris par la fatigue, le saint homme s’est reposé à l’ombre d’un palmier qui a pris la forme d’un serpent.
Depuis lors, le lieu est devenu sacré. Des pèlerins viennent de partout pour se recueillir à Sindone Santassou.
Le village recèle aussi d’autres mystères avec ses génies protecteurs qui faisaient qu’il était devenu une terre de passage.
Point stratégique, il a reçu les premiers habitants de Ziguinchor qui n’était pas si important du point de vue économique.
Ce qui fait que beaucoup de ressortissants de Ziguinchor ont leurs parents originaires de Sindone. Il s’agit des familles Carvalho, Ndiaye, Fonseca.
Village dont les habitants sont majoritairement des ethnies diolas et baynouks, ces derniers en seraient les fondateurs. Venus de la zone de Diassine dans le Sédhiou, ils ont, plus tard, accueilli les Diolas.
Les deux ethnies ont ainsi vécu dans une parfaite harmonie, vivant d’agriculture et cultivant le « riz paddy » pendant six mois avec des rizières qui produisaient abondamment du riz.
Polarisant beaucoup de villages, celui de Baghagha est né de Sindone. Des années plus tard, les Diolas, les Manjaks, les Mandingues, les Mancagnes, les Peuls et les Laobés ont rejoint les Baynouks, ce qui fit que le village a connu une forte croissance démographique.
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