La douleur des Mancagnes suite au décès de François Mancabou
Décès de François Mancabou réveille la douleur des Mancagnes. “La douleur des Mancagnes : Le fils de leur roi a été tué par le régime de Macky Sall…Cela ne doit pas être impuni”, c’est le titre de la nouvelle contribution publiée par le journaliste Adama Gaye ce samedi 16 juillet.
Décès de François Mancabou : La douleur des Mancagnes
C’était une communauté pépère, qui ne semblait être venue sur terre que pour vivre dans la joie, entre le partage de ses rythmes traditionnels, ses toasts de vin de palme et l’évocation des mânes célestes.
On se demandait même si ses membres faisaient partie du pays tant ils n’en revendiquaient aucune once. Ils se faisaient discrets. Comme s’ils s’y sentaient étrangers. Sans droits. Citoyens de seconde zone.
Tolérés. Leurs traditions y détonnaient. Leur langue faisait sursauter. On les regardaient de travers. Par le chuchotis de leurs voix, on avait conclu qu’ils connaissaient leurs places: en dernière position de la société…
Puisqu’ils ne dérangeaient nullement, ils se croyaient cependant nantis d’une police d’assurance qui les mettaient à l’abri des turbulences du pays. Nul, en leur sein, ne s’imaginait qu’adviendrait ce jour de rappel à la réalité ambiante qu’ils avaient tant tenté d’esquiver.
Une horde d’assassins, mandatés par l’Etat du Sénégal
Ce fut un jour de pluie de sang. Dans la pénombre d’une pièce carcérale, entre un commissariat de police transformé en donjon de tueries et une prison anonyme.
Les mains menottées, sans défense, sur fond d’une musique funèbre, une horde d’assassins, mandatés par l’Etat du Sénégal, s’étaient déchaînés pour exécuter le mandat fatal qui leur avait été confié sur ordre suprême.
Venu d’en-haut, de Monsieur Macky Sall, celui qui a fait du Sénégal un vaste Assassinatorium, le dernier endroit sur terre où l’on tue sans souci.
Le sang pleuvait. Sur les barreaux de fer, il giclait Par caillots, il s’était coagulé sur les murs peu à peu repeints de cette couleur rougeâtre, alternant une noirceur qui en disait long sur la durée de la torture qui s’y exerçait.
A lire aussi
Depuis qu’il avait été jeté entre leurs mains, sous leurs bottes et leurs battes, François Mancabou n’était plus qu’un punching-ball.
Ses cris stridents de souffrances n’avaient eu que le don de décupler la force de ses tortionnaires.
Le voir gémir, se rouler par terre, cogner les barreaux, sentir ses os craqueler, entendre ses boyaux se tordre de douleur, écouter ses appels au secours, à ses parents, aux ancêtres, implorer la mort de le finir, plus il perdait ses derniers espoirs, plus ses bourreaux s’enhardissaient.
Debout, à l’écart, un de leurs maîtres veillait au grain pour s’assurer que le boulot se poursuivait selon les consignes.
Brusquement, un crac.
La colonne vertébrale avait cédé, coupée en deux, gelant la circulation du sang et rendant impotent des jambes déjà flageolantes à force d’être labourées par les coups destinés à tuer qu’elles avaient reçus. Il s’était évanoui. N’y pouvant plus.
Rieurs, hurlant des insultes, se nettoyant la bouche d’où se dégageait une bave de plaisir, les yeux dansant de joie derrière les cagoules qui masquaient leurs visages, ses tueurs venaient de souffler, d’une voix épanouie: “mission accomplie, chef!”, comme pour lui dire de rendre compte à ses supérieurs…
Le téléphone à l’ouïe, d’un pas fier, il s’en alla, chuchotant à une oreille lointaine, sans doute celle chargée de remonter à Macky comment l’affaire avait été menée. “On l’a fait”, souffla-t-il, dans un langage coutumier.
Voici deux jours, victime d’une…”mort accidentelle”
François Mancabou est resté deux semaines dans un état végétatif, sa mort clinique actée par ses médecins qui étaient eux-aussi dans la boucle de cet axe de la mort, et dont le seul projet n’était dès lors plus que de fabriquer un acte et une justification de décès, quand viendra l’heure, pour faire passer la pilule.
Ce sera un machin François Ndiaye, choix d’un nom catholique d’un improbable médecin, à qui il incombera de le décréter, voici deux jours, victime d’une…”mort accidentelle”.
Puis le Procureur Amadou Diouf que l’on croyait plus raisonnable que son prédécesseur, le charmant Bassirou Guèye, monta, sans gêne, au créneau pour amplifier les mensonges du chef de l’Administration pénitentiaire, Colonel Jean-François Bocandé: “il s’est cogné la tête contre les barreaux pendant treize minutes”.
Et le trouble Malick Sall, Milouche, d’en rajouter une couche, en affirmant qu’une enquête judiciaire allait être déclenchée lors même que la cause avait été entendue.
Dans les années 197O quand un militant Vietnamien fut abattu d’une balle sur la tempe
Mancabou est venu prolonger en pire les pratiques qui, dans le passé, avaient déjà valu à Omar Blondin Diop, en 1973, de mourir dans un cachot sous la torture d’un Etat salopard.
La criminalité d’Etat, indigne en démocratie, dans un Sénégal où les luttes pour instaurer des normes constitutionnelles autour d’un Pacte démocratique conquis de haute lutte par un peuple qui a laissé sur cette route des combattants, n’est hélas plus qu’un marqueur décisif depuis.
Il y eut, l’an dernier, l’exécution en plein jour, d’une balle dans la tête, dans un quartier populeux, d’un jeune tailleur, Cheikh Wade, plus grave même que celle qui fit le tour de la planète dans les années 197O quand un militant Vietnamien fut abattu d’une balle sur la tempe.
Ou encore que ce bombardement au napalm, sur le même théâtre d’opération d’une guerre en Asie, qui détermina la marche du monde, et dont l’une des figures emblématiques fut cette jeune fille, courant, nue, le corps tacheté par l’acide brûlant qui l’avait baigné.
Il y a encore quelques-mois, venant s’ajouter aux morts de l’an de l’an dernier, un autre jeune Sénégalais avait été déclaré mort dans un commissariat de police du pays, suite à ce qui fut un assassinat d’Etat -un de plus- dans une tradition de tueries validée au sommet de la République.
Et donc François Mancabou.
La communauté Mancagne n’en revient pas de voir que son fils, ce soldat ayant servi, au privé et au public, la nation, pour la préserver des forces d’insécurité, n’avait eu droit à aucune chance pour échapper à ses assassins.
Ce qui se passe au Sénégal est pire que les violences extra-judiciaires ayant rendu le camp de Guantanamo, voici vingt-ans, en symbole de la violence illégitime d’Etat lorsqu’au nom de la lutte contre le terrorisme déclenché au lendemain des attentats du 11 Septembre 2001, l’Administration Bush-Fils, en place aux USA, s’écarta des règles de droit pour offrir à ses bouledogues humains une carte blanche pour piétiner le droit et tuer à tout va.
Dans le cas de l’Amérique, les réactions outrées des élites et institutions encore démocratiques finirent par y mettre le holà. Dans celui du Sénégal, la mort de Mancabou n’a laissé qu’un rideau de silences et de désintérêts, jusque dans les rangs de l’opposition, où, à la suite du coeur en pierre à la tête du pays, on semble s’être passé la consigne: “circulez, il n’y a rien à signaler!”.
Mancagnes, je me considère l’un des vôtres. Beaucoup d’autres compatriotes savent que vous avez raison de briser votre mode de vie, et de vous faire entendre. François Macabou continue de hurler. Les mânes célestes avec lui. Il faut le venger.
Le monde entier doit se réveiller au défi démoniaque, sanguinaire, et criminel du plus grand escroc jamais arrivé à la barre d’un Etat africain, qui rend sympathiques les Bokassa, Idi Amin et Yaya Jammeh. Il faut prendre la mesure du tueur du peuple Sénégalais…
Adama Gaye* est un ancien détenu politique au Sénégal qui vit en exil loin du Sénégal.
Ps: Macky Sall a donné des instructions à ses bouledogues de ne pas me répondre afin de me faire croire qu’il a abdiqué son rêve de m’assassiner. J’avertis le monde entier. Autant lui que ses assassins seront tenus pour responsables de tout ce qui m’arrivera.
De grâce, mes lectrices et lecteurs ne venez pas ici invoquer Dieu me concernant, quand on mène un combat on pose des actes humains, individuels, de solidarité, mais pas de larmoiements envers un tueur qui n’en a rien à cirer. Il faut le dénoncer et le combattre.
C’est à cela que je vous invite mais je déteste les histoires de; “je prie Dieu pour qu’il vous préserve”.
Face au tueur et voleur, Macky Sall, on ne se met pas en position de faiblesse, il faut l’affronter et l’exposer au monde entier.
Qu’il se décille les yeux: je ne retourne pas au Sénégal. Mort, je serai enterré là où le décret divin me trouvera, puisqu’il n’est pas question de l’être sur une terre où un peuple a choisi de se laisser écraser par un démon vomi par Dieu.
https://www.kafunel.com/?p=309502&feed_id=1120078
Aucun commentaire