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Cop 26 : 150 millions de dollars pour le bassin du Congo

Cop 26 planche sur l'avenir environnemental de la RDC. 150 millions de dollars pour le bassin du Congo. Collectif de ministres de l'Environnement et de chercheurs pour la défense du bassin du Congo. ,Cop 26 , bassin ,Congo,Cop 26 , bassin ,Congo,

Cop 26 : 150 millions de dollars pour le bassin du Congo

Deuxième « poumon du monde », le bassin du Congo pourrait ĂŞtre un alliĂ© de poids dans la lutte contre le rĂ©chauffement climatique. Ă€ condition que sa sauvegarde devienne une prioritĂ© Ă  la fois pour les responsables politiques, les scientifiques et les bailleurs de fonds. Le parc national d’Odzala-Kokoua, dans la rĂ©gion de la Cuvette-Ouest, dans le nord-ouest de la RĂ©publique du Congo. La deuxième plus grande Ă©tendue de forĂŞt tropicale de la planète se trouve en Afrique centrale, dans le bassin du Congo. Il assure la subsistance de quelque 80 millions d’habitants dans la rĂ©gion et les prĂ©cipitations que ses forĂŞts gĂ©nèrent, jusqu’au Sahel et sur les hautes plateaux Ă©thiopiens, font en outre vivre plus de 300 millions d’Africains ruraux. Ces forĂŞts, qui abritent diffĂ©rentes espèces animales, dont les Ă©lĂ©phants de forĂŞt, les gorilles des plaines, les chimpanzĂ©s et les bonobos, jouent Ă©galement un rĂ´le essentiel dans la rĂ©gulation du climat de la planète.

Mal loti

La pĂ©rennitĂ© de tels services vitaux, tant pour l’homme que pour la planète, n’est pas garantie, eu Ă©gard au changement climatique rapide et au dĂ©veloppement en cours dans la rĂ©gion. La capacitĂ© de la forĂŞt tropicale Ă  absorber du dioxyde de carbone diminue Ă  mesure que les tempĂ©ratures augmentent. Bien qu’elle soit plus lente qu’ailleurs sous les tropiques au cours des dernières dĂ©cennies, la dĂ©forestation a entraĂ®nĂ© la perte de plus de 500 000 hectares de forĂŞt primaires rien qu’en 2019. Un phĂ©nomène appelĂ© Ă  s’intensifier si rien n’est fait, si de nouvelles politiques ne sont pas envisagĂ©es. Pourtant, les forĂŞts tropicales d’Afrique centrale mobilisent beaucoup moins l’attention des milieux scientifiques et des pouvoirs publics que celles d’Amazonie et d’Asie du Sud-Est. Ainsi, entre 2008 et 2017, le bassin du Congo n’a reçu que 11 % des flux financiers internationaux destinĂ©s Ă  la protection et Ă  la gestion durable des forĂŞts dans les zones tropicales, contre 55 % pour l’Asie du Sud-Est et 34 % pour l’Amazonie.

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MĂŞme comparĂ© au reste du continent, le bassin du Congo apparaĂ®t lĂ©sĂ©. Un exemple : financĂ© par le Royaume-Uni, le Future Climate for Africa (FCFA) a investi 20 millions de livres sterling (27 millions de dollars amĂ©ricains) dans la modĂ©lisation panafricaine et dans quatre projets axĂ©s sur l’Afrique orientale, occidentale et australe. Rien dans le bassin du Congo ou en Afrique centrale. Entre 2008 et 2017, le bassin du Congo n’a reçu que 11 % des flux financiers internationaux destinĂ©s Ă  la protection des forĂŞts dans les zones tropicales Les rĂ©percussions de cette nĂ©gligence sont visibles dans la sixième Ă©valuation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’Ă©volution du climat (Giec) de 2021 : l’Afrique centrale Ă©tait l’une des deux seules rĂ©gions du monde (avec la pointe sud de l’AmĂ©rique du Sud) Ă  ne pas disposer de donnĂ©es suffisantes permettant aux experts d’Ă©valuer, dans son rapport 2021, les tendances passĂ©es en matière de chaleur extrĂŞme.

L’exemple brĂ©silien

Nous sommes un groupe de ministres responsables des forĂŞts de la rĂ©gion et de scientifiques Ă©voluant sur le terrain et qui conseillent les gouvernements. [caption id="attachment_293828" align="alignnone" width="1200"]Impatiens kilimanjari, espèce endĂ©mique de la forĂŞt pluviale. Impatiens kilimanjari, espèce endĂ©mique de la forĂŞt pluviale.[/caption] Ensemble, nous appelons Ă  une initiative pour la science du climat dans le bassin du Congo. Elle comprendrait un programme de recherche Ă©valuĂ© Ă  100 millions de dollars d’une durĂ©e de dix ans, liĂ© Ă  un fonds distinct de 50 millions de dollars destinĂ©s Ă  former des ressortissants du bassin du Congo en vue de l’obtention d’un doctorat scientifique. Un tel financement transformerait notre comprĂ©hension de ces forĂŞts majestueuses, fournissant une contribution cruciale aux dĂ©cideurs politiques pour les aider Ă  adopter des politiques visant Ă  contrer les crises environnementales imminentes de la rĂ©gion. Il existe un prĂ©cĂ©dent. Au milieu des annĂ©es 1990, la recherche sur les forĂŞts tropicales de la rĂ©gion amazonienne Ă©tait limitĂ©e et essentiellement menĂ©e par des scientifiques Ă©trangers. Officiellement lancĂ© en 1998 et dirigĂ© par des BrĂ©siliens, le programme d’expĂ©rimentation biosphère-atmosphère Ă  grande Ă©chelle en Amazonie, connu sous le nom de LBA, a reprĂ©sentĂ© un effort de 100 millions de dollars pour dix ans. Il a rĂ©volutionnĂ© la comprĂ©hension de la forĂŞt amazonienne et de son rĂ´le dans le système terrestre.

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Le LBA a nĂ©cessitĂ© six annĂ©es de mesures intensives et a couvert la climatologie, l’hydrologie, l’Ă©cologie et la biogĂ©ochimie sur une superficie de 550 millions d’hectares. Il comprenait 120 projets et 1 700 participants, dont 990 BrĂ©siliens. L’un de ses plus grands hĂ©ritages a Ă©tĂ© la crĂ©ation d’une nouvelle gĂ©nĂ©ration de chercheurs brĂ©siliens. Deux dĂ©cennies plus tard, le BrĂ©sil est dĂ©sormais largement reconnu comme le premier pays au monde pour la surveillance des forĂŞts tropicales et est Ă  la pointe de la science des forĂŞts tropicales.

En terre inconnue

Ă€ cheval sur huit nations, le grand bassin du Congo couvre quelque 240 millions d’hectares de forĂŞts contiguĂ«s. Le simple fait d’Ă©chantillonner cette vaste rĂ©gion relève de la gageure. [caption id="attachment_293818" align="alignnone" width="1200"]Le Mawenzi depuis des plantations de bananiers mĂŞlĂ©es Ă  des espèces de la forĂŞt pluviale. Cette pratique a l'avantage de diminuer les besoins en eau des espèces introduites grâce Ă  l'ombrage. Le Mawenzi depuis des plantations de bananiers mĂŞlĂ©es Ă  des espèces de la forĂŞt pluviale. Cette pratique a l'avantage de diminuer les besoins en eau des espèces introduites grâce Ă  l'ombrage.[/caption] Y accĂ©der nĂ©cessite souvent des journĂ©es de voyage en pirogue et de longues randonnĂ©es Ă  travers la jungle humide, rythmĂ©es par la pataugeoire dans les marĂ©cages. Ă€ cela s’ajoute un prĂ©jugĂ© omniprĂ©sent : travailler dans la rĂ©gion du bassin du Congo est pĂ©rilleux, face aux risques d’instabilitĂ© politique, de maladies inconnues ou d’animaux dangereux. En rĂ©alitĂ©, sur une large partie de l’Afrique centrale, les risques sont similaires Ă  ceux de la forĂŞt amazonienne ou des Ă©cosystèmes de savane d’Afrique de l’Est. Ces diffĂ©rents dĂ©fis peuvent ĂŞtre surmontĂ©s. CoĂ©crits par plusieurs d’entre nous, des articles publiĂ©s ces dernières annĂ©es soulignent Ă  quel point la rĂ©gion est importante et peu Ă©tudiĂ©e. En 2017, le plus grand complexe de tourbières tropicales au monde, d’une superficie de 14,6 millions d’hectares au cĹ“ur du bassin du Congo, a Ă©tĂ© cartographiĂ© pour la première fois. Ce travail a radicalement changĂ© notre comprĂ©hension des rĂ©serves de carbone dans la rĂ©gion. En mars 2020, un consortium international a montrĂ© que les forĂŞts tropicales humides d’Afrique absorbent chaque annĂ©e la mĂŞme quantitĂ© de carbone que celle Ă©mise chaque annĂ©e par l’utilisation de combustibles fossiles sur l’ensemble du continent africain dans les annĂ©es 2010.

Les forĂŞts tropicales du bassin du Congo seraient plus efficaces pour ralentir le changement climatique que celles d’Amazonie

En dĂ©cembre 2020, il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© qu’une baisse drastique de 81 % de la production fruitière pendant trois dĂ©cennies dans une zone forestière du Gabon coĂŻncidait avec le rĂ©chauffement climatique et s’accompagnait d’une diminution de 11 % des Ă©lĂ©phants de forĂŞt, en partie tributaires de ces fruits pour leur alimentation. Et en avril, la première Ă©valuation rĂ©gionale de la composition des communautĂ©s d’arbres en Afrique centrale a Ă©tĂ© publiĂ©e, Ă©tude qui cartographiait les zones vulnĂ©rables au changement climatique et aux pressions humaines. Dans l’ensemble, les donnĂ©es Ă©tonnamment rĂ©centes (bien que quelque peu limitĂ©es) suggèrent que les forĂŞts tropicales du bassin du Congo sont plus denses en carbone, plus efficaces pour ralentir le changement climatique et rĂ©sister Ă  ses effets que les forĂŞts tropicales amazoniennes. Mais nous ignorons comment les sĂ©cheresses croissantes, les tempĂ©ratures plus Ă©levĂ©es, l’exploitation forestière sĂ©lective et la dĂ©forestation pourraient interagir – une Ă©quation Ă  plusieurs inconnues qui comprend la possibilitĂ© d’une rĂ©duction des prĂ©cipitations dans le Sahel et les hauts plateaux Ă©thiopiens. Il y a quelque 2 500 ans, de vastes Ă©tendues de forĂŞts du bassin ont Ă©tĂ© perdues pendant une pĂ©riode de stress climatique. Les chercheurs ne sont toujours pas parvenus Ă  expliquer cet Ă©vĂ©nement, ni Ă  Ă©valuer la probabilitĂ© de sa rĂ©pĂ©tition. [caption id="attachment_293816" align="alignnone" width="1200"]Le mont MĂ©ru vu en arrière-plan Ă  travers la vĂ©gĂ©tation composant la forĂŞt pluviale. Le mont MĂ©ru vu en arrière-plan Ă  travers la vĂ©gĂ©tation composant la forĂŞt pluviale.[/caption]

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On sait peu de choses sur la rĂ©gion car la science est insuffisante en Afrique centrale. Curieusement, les chercheurs ne comprennent toujours pas les principes de base expliquant pourquoi diffĂ©rents types de forĂŞts se retrouvent lĂ  oĂą ils sont dans le bassin du Congo. Les modèles climatiques pour cette rĂ©gion sont mĂ©diocres, en raison non seulement de l’interaction complexe des influences des ocĂ©ans Atlantique, Indien et Austral mais aussi du manque de donnĂ©es climatiques locales. Sans plus de donnĂ©es et plus de spĂ©cialistes, il est impossible de faire des prĂ©visions fiables des rĂ©ponses de ces forĂŞts aux changements du climat et de l’utilisation des terres.

Enthousiasme, financement et leadership

Il est urgent d’investir dans la science fondamentale pour combler ces lacunes. Une initiative scientifique sur le climat du bassin du Congo devrait se concentrer sur trois problĂ©matiques essentielles : comment le bassin du Congo fonctionne-t-il actuellement en tant que système intĂ©grĂ© ? Comment les changements en matière d’utilisation des terres et de climat affecteront-ils sa fonction ? Dans quelle mesure les diffĂ©rentes options de dĂ©veloppement sont-elles durables ? Ces thĂ©matiques soulèvent des questions plus spĂ©cifiques auxquelles les politiques devront rĂ©pondre, en particulier si les pays ambitionnent d’atteindre l’objectif de zĂ©ro Ă©mission de dioxyde de carbone Ă  l’horizon 2050. Parmi ces questions, la quantitĂ© de carbone stockĂ©e dans la vĂ©gĂ©tation et les sols. Ces quantitĂ©s et d’autres doivent ĂŞtre dĂ©clarĂ©es, conformĂ©ment aux engagements pris par les pays dans le cadre de l’accord de Paris sur le climat de 2015. Ă€ l’heure actuelle, la plupart des pays d’Afrique centrale s’appuient sur des valeurs par dĂ©faut, qui pourraient se rĂ©vĂ©ler très fausses. Selon un rĂ©cent article sur les forĂŞts de montagnes africaines très proches des bords du bassin, par exemple, les valeurs de stockage de carbone mesurĂ©es Ă©taient 67 % plus Ă©levĂ©es que les valeurs par dĂ©faut. Une initiative scientifique ne fonctionnera que si elle rencontre l’enthousiasme des chercheurs et le soutien actif des pays clĂ©s du bassin du Congo Une initiative scientifique ne fonctionnera que si elle rencontre l’enthousiasme des chercheurs, si ces derniers font preuve de leadership et si elle bĂ©nĂ©ficie du soutien actif des pays clĂ©s du bassin du Congo, ainsi que de l’adhĂ©sion des bailleurs de fonds. Nous envisageons trois Ă©tapes pour atteindre ces objectifs. [caption id="attachment_292869" align="alignnone" width="1200"]etude-dresse-le-bilan-de-la-restauration-des-forets-et-des-paysages-d-afrique etude-dresse-le-bilan-de-la-restauration-des-forets-et-des-paysages-d-afrique[/caption] Premièrement, les scientifiques de la rĂ©gion du Congo devraient organiser un atelier avec les architectes et les participants du LBA pour Ă©valuer les leçons de la rĂ©gion amazonienne. Cette coopĂ©ration sud-sud construirait un cadre dirigĂ© par des scientifiques pour rĂ©pondre aux questions de recherche cruciales. Deuxièmement, une rĂ©union de responsables politiques et de conseillers de la rĂ©gion faciliterait les discussions sur les questions politiques pertinentes que les scientifiques pourraient Ă©tudier. Celle-ci serait dirigĂ©e par le Cameroun, la RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo, le Gabon et la RĂ©publique du Congo – les quatre nations menant le plus de recherches dans la rĂ©gion. La rĂ©union aiderait Ă  obtenir le soutien politique des ministères responsables des forĂŞts, de l’environnement, de l’eau, du climat, des sciences et des universitĂ©s. Troisièmement, les partenaires devront dĂ©velopper un programme scientifique global acceptable pour les bailleurs de fonds. Un tel programme inclurait probablement l’intensification de nombreux efforts dĂ©jĂ  en cours, mais dont la portĂ©e est actuellement insuffisante ou dont le financement n’est pas fiable. Cela accĂ©lĂ©rerait les progrès scientifiques.

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Par exemple, une poignĂ©e de sites de terrain Ă©tablis existent dĂ©jĂ  dans le bassin du grand Congo, notamment dans le parc national de la LopĂ©, au Gabon, et dans la rĂ©serve de biosphère de Yangambi, en RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo. Ces « super-sites » sont des stations de terrain sophistiquĂ©es avec du personnel Ă  temps plein qui collecte des ensembles de donnĂ©es fiables et sur le long terme concernant la vĂ©gĂ©tation, les animaux et l’environnement physique, voire les flux de gaz Ă  effet de serre Ă  Yangambi. Mais les sites sont trop peu nombreux, et ils s’appuient sur les efforts hĂ©roĂŻques des champions locaux. Il devrait y avoir une douzaine d’emplacements dans toute la rĂ©gion, avec un financement cohĂ©rent pour soutenir des projets de recherche complexes. [caption id="attachment_292738" align="alignnone" width="1200"]pakour, kolda, vĂ©lingara original_foret-casamanceCapture pakour, kolda, vĂ©lingara original_foret-casamanceCapture[/caption] De mĂŞme, le RĂ©seau d’observation des forĂŞts tropicales humides africaines (Afritron), créé en 2009, suit chaque arbre dans des parcelles d’Ă©chantillonnage permanentes pour estimer le bilan carbone des forĂŞts non perturbĂ©es. Bien que cet observatoire soit passĂ© de ses 40 sites d’origine en Afrique centrale Ă  plus de 200 aujourd’hui, ceux-ci ne couvrent que 250 hectares sur un total d’environ 240 millions d’hectares. Il s’agit d’un Ă©chantillonnage très clairsemĂ© Ă  partir duquel tirer des conclusions rĂ©gionales.

Nouvelles opportunités

Pendant ce temps, le Forest Global Earth Observatory (Forestgeo), créé en 1990 pour comprendre comment les forĂŞts tropicales maintiennent un nombre aussi diversifiĂ© d’espèces d’arbres, n’a Ă©tabli que quatre sites en Afrique centrale en trente ans, dont aucun au centre du bassin. Il y a un besoin Ă©vident d’expansion. Enfin, la campagne de terrain aĂ©roportĂ©e AfriSAR 2016, une collaboration entre la National Aeronautics and Space Administration (Nasa), l’Agence spatiale europĂ©enne et l’Agence gabonaise d’Ă©tudes et d’observation spatiales, a montrĂ© comment combiner diffĂ©rents ensembles de donnĂ©es pour cartographier soigneusement les types de forĂŞts et leurs stocks de carbone dans le parc national de la LopĂ© au Gabon. Ce modèle pourrait ĂŞtre reproduit ailleurs dans le bassin. Cent millions de dollars assureraient le changement radical nĂ©cessaire Ă  la recherche scientifique et offriraient des opportunitĂ©s aux jeunes Africains Tous ces travaux nĂ©cessiteront de lier thĂ©orie, observations, expĂ©rimentations et modĂ©lisations. Il devrait attirer une diversitĂ© d’experts internationaux de premier plan pour se concentrer sur l’Afrique et fournir une formation aux ressortissants du bassin du Congo. Un programme de recherche de 100 millions de dollars offrirait de nouvelles opportunitĂ©s et des options de carrière indispensables aux scientifiques africains. L’investissement liĂ© de 50 millions de dollars, axĂ© sur le dĂ©veloppement des talents, pourrait produire environ 200 doctorats dĂ©cernĂ©s par les principales universitĂ©s du monde entier. [caption id="attachment_292703" align="alignnone" width="1200"]original_foret-casamance (1) original_foret-casamance (1)[/caption] Cela crĂ©erait une nouvelle gĂ©nĂ©ration de scientifiques, y compris de futurs dirigeants, en Afrique centrale. Le programme de formation assurerait le changement radical nĂ©cessaire Ă  la capacitĂ© scientifique et offrirait des opportunitĂ©s aux jeunes chercheurs africains qui ont actuellement du mal Ă  concourir pour des bourses internationales, lesquelles sont souvent remportĂ©es par des Ă©tudiants d’Asie ou d’AmĂ©rique du Sud.

L’argent bien dĂ©pensĂ©

Ce programme scientifique de 150 millions de dollars sur une durĂ©e de dix ans a besoin d’investisseurs. On pourrait envisager de combiner les fonds des gouvernements qui ont fait d’importants investissements forestiers et scientifiques dans le bassin du Congo par le passĂ©, notamment la Belgique, la France, l’Allemagne, la Norvège, le Royaume-Uni, les États-Unis et l’Union europĂ©enne. Les alternatives incluent les agences des Nations unies, les fonds internationaux pour le climat et les organisations philanthropiques privĂ©es. Un tel programme devrait figurer parmi les prioritĂ©s des bailleurs de fonds, compte tenu des objectifs de dĂ©veloppement durable (ODD) des Nations unies. Ceux-ci incluent le renforcement des capacitĂ©s pour une planification et une gestion efficaces liĂ©es au changement climatique (ODD13), l’augmentation des ressources financières pour conserver et utiliser de manière durable la biodiversitĂ© et les Ă©cosystèmes (ODD15), l’augmentation du nombre de chercheurs dans les pays Ă  faible revenu et l’augmentation de la recherche et du dĂ©veloppement (R&D).

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Le financement mondial de la R&D s’Ă©levait Ă  2 200 milliards de dollars en 2019. Ainsi, investir 150 millions de dollars sur une dĂ©cennie pour mieux comprendre et protĂ©ger la deuxième plus grande Ă©tendue de forĂŞt tropicale au monde est modeste. Par comparaison, le coĂ»t total prĂ©vu par le gouvernement amĂ©ricain pour le projet du gĂ©nome humain Ă©tait de 2,7 milliards de dollars, et l’Agence spatiale europĂ©enne dĂ©pense environ 500 millions de dollars pour ses satellites scientifiques plus grands et durables. Les 100 millions de dollars que la LBA a apportĂ©s Ă  l’Amazonie dans les annĂ©es 1990 Ă©quivalent actuellement Ă  environ 160 millions de dollars.

Autonomiser les populations locales

L’investissement dans la science sera rentabilisĂ© plusieurs fois. ConsidĂ©rez simplement le rĂ´le des forĂŞts en tant que rĂ©servoirs de maladies zoonotiques. Une meilleure gestion des forĂŞts rĂ©duit le risque d’Ă©pidĂ©mies, sans parler de pandĂ©mies. Certains pourraient objecter que les interventions directes dans l’aide au dĂ©veloppement sont plus urgentes que l’investissement dans la science climatique et Ă©cologique. Cependant, ces fonds sont gĂ©nĂ©ralement indĂ©pendants et ne se font pas concurrence. [caption id="attachment_292702" align="alignnone" width="1200"]original_foret-casamance original_foret-casamance[/caption] En outre, la vieille formule « mettre fin Ă  la pauvretĂ© » ou « protĂ©ger l’environnement » ne s’appliquent plus : les Africains souffriront de manière disproportionnĂ©e si les tempĂ©ratures ne sont pas limitĂ©es conformĂ©ment Ă  l’accord de Paris. Cela doit inclure la protection des forĂŞts du bassin du Congo. Des efforts supplĂ©mentaires pourraient aider Ă  soutenir les objectifs du programme scientifique du bassin du Congo. Il y a notamment un manque de modèles Ă©conomiques qui montrent comment les forĂŞts sur pied peuvent devenir plus prĂ©cieuses que les paysages convertis. Leur dĂ©veloppement soutiendrait les dĂ©cisions politiques visant Ă  maintenir le couvert forestier. Plusieurs efforts sont Ă©galement en cours pour amĂ©liorer la gestion des forĂŞts qui visent Ă  autonomiser les populations locales, Ă  augmenter les revenus et Ă  protĂ©ger l’environnement. Il s’agit notamment du transfert des dĂ©cisions de gestion des terres aux populations locales, par exemple par le biais de la foresterie communautaire, et de la crĂ©ation de produits finaux Ă  haute valeur ajoutĂ©e Ă  partir d’une exploitation forestière sĂ©lective plutĂ´t que de dĂ©pendre de l’exportation de bois brut non transformĂ©. Une nouvelle initiative scientifique pourrait Ă©valuer diverses approches pour comprendre ce qui fonctionne le mieux. Nous savons si peu de choses sur les forĂŞts majestueuses d’Afrique centrale. Une initiative sur la science du climat du bassin du Congo rĂ©duirait notre ignorance collective. Le manque d’investissement est l’obstacle Ă  la sauvegarde de ces prĂ©cieux Ă©cosystèmes. Surmontez cela et l’avenir du deuxième « grand poumon vert » de la Terre sera plus radieux.

Liste complète des signataires

  • Lee J. T. White, ministre des Eaux, des ForĂŞts, de la Mer, de l’Environnement, chargĂ© du Plan Climat et du Plan d’affectation des terres, Gabon.
  • Eve Bazaiba Masudi, ministre de l’Environnement et du DĂ©veloppement durable, RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo.
  • Jules Doret Ndongo, ministre des ForĂŞts et de la Faune sauvage, Cameroun.
  • Pierre HĂ©lĂ©, ministre de l’Environnent, de la Protection de la Nature et du DĂ©veloppement durable, Cameroun.
  • Arlette Soudan-Nonault, ministre de l’Environnement, du DĂ©veloppement durable et du Bassin du Congo, RĂ©publique du Congo.
  • Rosalie Matondo, ministre de l’Economie forestière, RĂ©publique du Congo.
  • Ifo Suspense Averti, professeur-assistant, UniversitĂ©-Marien-Ngouabi, RĂ©publique du Congo.
  • Corneille E.N. Ewango, professeur, UniversitĂ© de Kisangani, RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo.
  • Alfred Ngomanda, directeur du Centre national de la recherche scientifique et technologique (Cenarest), Gabon.
  • Bonaventure SonkĂ©, Professeur, UniversitĂ© de YaoundĂ© I, Cameroun.
  • Simon L. Lewis, professeur, University College London and University of Leeds, Royaume-Uni.

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