Confessions sur le braquage des driankés de Paris: La commanditaire, les complices et l’exécutant renvoyé devant...
L’affaire du braquage dont ont été victimes les driankés sénégalaises de Paris vient de connaître son épilogue. Après 3 ans d’instruction, les magistrats français ont rendu les conclusions de leur enquête.
Et en exclusivité pour Kewoulo, on en sait davantage sur les raisons, les motivations et le modus-operandis qui ont conduit un gamin de 16 ans à venir braquer des femmes dont certaines pourraient être sa grand-mère et leur voler une cagnotte estimée entre 6 et 9000 euros. Récit d’un journée cauchemardesque.
Lorsque Malado Dabo, Naya Kanouté, Touré Thiméra et compagnie venaient, en cet après midi du 21 juin 2015, se retrouver à la salle de la paroisse Saint Bruno pour procéder à la remise des fonds à la gagnante du dernier tirage, un commando de bras cassés du braquage était déjà à l’affût.
Dans la matinée déjà, ce groupe avait fait le déplacement de Villeneuve Saint Georges, (94) pour procéder au repérage des lieux. Et étudier les voies d’exfiltration une fois le forfait commis.
Chef de ce commando, Sétigui Konaté, alias Papis, est un petit caïd du quartier qui, même s’il vient de passer quelques mois en détention préventive, n’est pas un homme dangereux. Agé de 33 ans au moment des faits, il a été l’organisateur du braquage des mamans sénégalaises.
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Des jours auparavant, c’est une autre maman, Astou Sakho, faisant partie du groupe des driankés, qui est allée le voir pour lui soumettre cette saugrenue idée de braquage. A en croire la dame, à chaque fin de tontine, une importante somme d’argent était disponible et il n’y avait aucun risque de se faire prendre.
« C’est parce que j’avais des problèmes de dettes et j’étais menacé d’expulsion de mon appartement« , a déclaré, plus tard, la commanditaire aux enquêteurs du 2ème district comme aux magistrats instructeurs.
C’est pour se sortir de cette impasse financière que Astou Sakho en a parlé à Sétigui Konaté, son voisin. Ce dernier informe Ahmed Soumahoro qui, bien que né en 1994, a un casier judiciaire impressionnant. Et fait office de référence dans le milieu.
A son tour, Ahmed Soumahoro, qui était sous contrôle judiciaire et portait un bracelet électronique au moment des faits, en parle au gamin de son immeuble. I. Traoré, un gamin, 5eme d’une famille de 6 enfants.
Même si l’enquête a démontré que « l’enfant » qui suit une bonne scolarité a grandi dans une famille aimante et dans un environnement stable, les psychiatres et psychologues qui se sont succédé autour de l’enfant ont tous conclu que c’est un « taciturne« , « associable« , « isolé. »
S’il est, pour le moment, inconnu du bataillons des Kaïras -racailles- du 94, I. Traoré a déjà été impliqué à 6 reprises dans des affaires de vols, de violences et de stupéfiants.
C’est à ce garçon paumé qui n’a de rêve que de devenir cariste, comme son papa, qu’Ahmed Soumahoro a présenté le projet. Comme le gamin lui doit de l’argent lié au trafic de stupéfiants, le garçon a accepté d’aller au charbon espérant ainsi payer sa dette.
C’est, donc, ce gamin perdu du 94 qui a été conduit dans le quartier de l’église Saint-Bernard pour commettre le braquage. Auparavant, « les grands du quartier » -Ahmed Soumahoro et Sétigui Konaté- l’avaient conduit dans un magasin, acheter une fausse réplique du pistolet automatique Natinf.
Au retour de cet achat, le trio a embarqué à bord du véhicule d’Ahmed Soumahoro pour se rendre dans le quartier de la Goutte d’Or. Là, ils ont attendu que la commanditaire -Aïssatou Sakho- qui fait partie des mamans leur donne le top go.
C’est ce qui est arrivé à 19h, lorsque la trésorière a fini de compter la recette du mois. « C’est Aissatou Sakho qui m’a appelé et j’ai donné le signal à I. Traoré« , a reconnu Sotigui Konaté, trahi par les preuves irréfutables de sa téléphonie. Ayant compris que les carottes sont cuites pour lui, Sotigui qui a compris que leurs téléphones avaient parlé n’a pas cherché à protéger le reste de la bande.
Alors que I. Traoré a tout le temps décidé de tout prendre sur lui, refusant catégoriquement de donner des noms, en n’impliquant que des « grands du quartier » pour « éviter tout problème demain« , c’est leurs téléphones portables qui ont parlé.
Mise face à ces preuves irréfutables et enfoncée par les aveux circonstanciés de Sotigui Konaté, Aïssatou Sakho, âgée aujourd’hui de 52 ans, a craqué et reconnu les faits.
Cette mère de 3 enfants a déclaré être lourdement endettée et comptait sur cet argent -à se partager avec les « gars »- pour respirer un peu. Malheureusement, le butin n’a jamais été retrouvé. Si I. Traoré reconnaît être sorti avec l’argent dans les mains, il ne dit pas à qui, de la bande, il l’a remis.
Pour sa part, Ahmed Soumahoro a soutenu que, ayant compris l’impossibilité de réussir ce braquage qui devait se faire à moins de 200 mètres du commissariat de Barbès, il avait renoncé d’y participer.
Et était parti avant de début de sa commission. Reste Sétigui Konaté. Ce dernier a soutenu devant les enquêteurs comme devant le magistrat instructeur que « le butin leur a été volé par la foule » de jeunes « rebeu » arabes qui avaient attrapé l’apprenti braqueur poursuivi par une maman courageuse ou suicidaire, c’est selon.
Pour rappel, arrêté par cette foule, I. Traoré avait été fortement tabassé par les jeunes maghrébins de Barbés. Et, lors de son passage à l’hôpital, il avait bénéficié d’un certificat médical attestant une incapacité temporaire de travail de 2 jours.
Placé en garde à vue, pendant un temps, tout le groupe avait été placé sous contrôle judiciaire; le temps que l’instruction se termine.
A la recherche d’un bon marabout ou pour se soustraire à la justice qui leur a enjoint de se présenter une fois par semaine au commissariat de police de leur lieu de résidence, Sétigui Konaté avait violé les conditions de son contrôle judiciaire.
Et était parti au Mali alors qu’il n’avait le droit de quitter la métropole. Revenu en France, il est tombé sur un contrôle policier qui l’a directement envoyé en prison, en février dernier.
Après quelques mois de détention, il a été remis tout dernièrement en liberté. Placé à nouveau sous contrôle judiciaire, il est avec I. Traoré, Aïssatou Sakho dite Astou et Ahmed Soumahoro, renvoyé devant le tribunal correctionnel de Paris. Il vont devoir y répondre des chefs de vol avec arme.
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