De quelle couleur voyez-vous cette robe : blanche ou bleue ?

Certaines personnes voient cette robe bleue avec des traits noirs, d'autres blanche avec des traits roses. Pourquoi deux cerveaux ne donnent-ils pas la même image ? Comment notre cerveau réorganise-t-il la réalité pour lui donner un sens ?
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L’intelligence artificielle qui effraie tant, est construite Ă partir des capacitĂ©s cĂ©rĂ©brales que nous connaissons et que nous savons modĂ©liser. Mais ce que la plupart d’entre nous ignore, c’est qu’une grande partie de nos capacitĂ©s cognitives est inconsciente, et nous serions d’ailleurs bien moins efficients si nous n’avions que nos capacitĂ©s conscientes.
Percevoir et réagir à des stimulations à notre insu
A chaque instant, notre cerveau perçoit et analyse des informations, dans toutes les modalités sensorielles à notre insu et qui nous échappent totalement.
Une grande partie de ces informations restera d’ailleurs toujours inconsciente. Des milliers d’informations arrivent Ă notre cerveau sans que nous en soyons conscient.
Par exemple le contact du sol sous nos pieds, ou encore de notre rythme cardiaque ou de la température extérieure. Au moment où on cite ces perceptions, on est capable de diriger notre attention vers celles-ci et on en prend conscience, mais si on en parle, notre cerveau les aurait traitées sans qu'on en ait conscience.
Des informations qui peuvent nous influencer
Un exemple issu de notre perception nous amène Ă ce souvenir de la robe que nous avions vue comme bleue et noire ou comme blanche et dorĂ©e et qui a agitĂ© les rĂ©seaux sociaux pendant des semaines il y a deux ans. Il y a d’ailleurs pĂ©riodiquement d’autres exemples avec d’autres objets comme des tennis en ce moment.

Quand on montre cette robe Ă des personnes, et qu’on leur demande de quelle couleur elle est, un tiers des sujets la voit blanche et dorĂ©e, un quart des sujets la voit bleue et noire et les autres la voient bleue et marron.
Des tas d’explications plus ou moins loufoques ont circulĂ© sur internet, mais pourtant l’explication Ă ces diffĂ©rences de perception est sans doute assez simple, et liĂ©e Ă une dĂ©cision que prend notre cerveau Ă notre insu.
Autour de cette robe, il est difficile de savoir prĂ©cisĂ©ment quel est le niveau de lumière ambiante. Ce que fait notre cerveau, c’est qu’il va dĂ©cider si la robe est prĂ©sentĂ©e dans un environnement lumineux ou sombre.
La réponse sur la couleur de la robe dépend simplement de cette décision que notre cerveau à prise à notre insu.
Un mécanisme qui détermine notre réponse
En prĂ©sentant la mĂŞme robe mais dans un environnement lumineux qui n’est pas ambigu, comme ci-dessous, on se rend compte de ce mĂ©canisme.

Si on change l’Ă©clairage autour de la robe, de façon Ă donner au spectateur une information prĂ©cise sur le contexte autour de la robe, ici très lumineux, la majoritĂ© des sujets la voit bleue et noire.
A l’inverse, la majoritĂ© des sujets, la voit blanche et dorĂ©e si la robe est prĂ©sentĂ©e dans un environnement sombre comme ci-dessous.

Cela veut dire que dans la situation standard oĂą on prĂ©sente la robe, sans indice Ă©vident sur le contexte lumineux, notre cerveau doit dĂ©cider tout seul de l’environnement, ce qui va conditionner notre rĂ©ponse : bleue et noire ou blanche et dorĂ©e.
C’est donc un parfait exemple du pouvoir qu’a notre cerveau de choisir ce que nous percevons, sans que nous soyons conscient du choix qu’il a opĂ©rĂ©.

Percevons-nous des informations sans en avoir conscience ?
Ce qu'on appelle la perception sub-liminale correspond à la situation où on nous présente des informations en dessous de notre seuil de perception consciente.
On peut tout à fait présenter des informations de manière trop rapide ou de manière trop peu contrastée pour qu'on les perçoive consciemment, mais pourtant, notre cerveau est capable de les percevoir.
Cette vision est très proche de ce qu’on appelle la vision d’alerte qui dĂ©signe la vision très rapide et souvent non consciente que nous avons hĂ©ritĂ© de nos ancĂŞtres. C’est le cas lorsque nous faisons un Ă©cart lorsque nous conduisons pour Ă©viter un obstacle.
Le plus souvent, au moment oĂą nous adaptons notre trajectoire, nous ne savons mĂŞme pas ce que nous avons Ă©vitĂ©. C’est a posteriori, grâce Ă un processus bien plus lent que nous allons identifier cet obstacle consciemment.
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