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Procès de Habré à Dakar: fin des audiences, verdict le 30 mai pour l'ex-président tchadien

La défense d'Hissène Habré a plaidé l'acquittement du président tchadien déchu, jeudi à la fin des audiences de son procès pour crimes contre l'humanité devant un tribunal spécial africain, qui rendra son verdict le 30 mai.

Ses avocats commis d'office ont réclamé demandé au tribunal "de l'acquitter purement et simplement. Ce ne serait que justice".

La veille, le procureur spécial Mbacké Fall avait réclamé la prison à perpétuité, "une condamnation à la hauteur des crimes" dont est accusé Hissène Habré, qualifié de "véritable chef de service" de l'appareil de répression sous son régime (1982-1990).

Ce procès inédit - le premier au monde dans lequel un ancien chef d'Etat est traduit devant une juridiction d'un autre pays pour violations présumées des droits de l'homme - ajourné depuis le 15 décembre, a repris avec les plaidoiries des parties civiles lundi et mardi, suivies du réquisitoire du parquet général mercredi.

"Nous allons nous retrouver le 30 mai 2016 pour vous livrer la teneur de nos décisions", a déclaré le président burkinabè du tribunal, Gberdao Gustave Kam.

Peu auparavant, Me Mbaye Sène, un des défenseurs de M. Habré, avait assuré qu'"il n'y (avait) pas eu de crimes contre l'humanité, de crimes de torture, encore moins de crimes de guerre".

Hissène Habré "n'a pas donné d'ordre. Il n'a pas aidé, n'a pas encouragé (la commission de crimes). (...° L'homme traduit devant votre juridiction n'est pas coupable des faits qui lui sont reprochés", a-t-il martelé.

Comme depuis l'ouverture du procès le 20 juillet 2015, l'unique accusé, vêtu d'un boubou et d'un turban blancs, le regard caché par des lunettes noires, est resté silencieux et impassible, après avoir été accueilli par les vivats de ses partisans au tribunal.

Il comparaît devant les Chambres africaines extraordinaires (CAE), juridiction créée en vertu d'un accord entre le Sénégal et l'Union africaine (UA), qu'il récuse et devant laquelle il refuse de s'exprimer et de se défendre.

Le premier des avocats de la défense à s'exprimer, Me Mounir Balal, a présenté Hissène Habré comme "un fervent nationaliste qui a voulu faire du Tchad un Etat moderne", saluant "un patriote" et "un homme d'Etat".

Il a entrepris de réfuter point par point le rapport d'une commission d'enquête tchadienne estimant le bilan de la répression sous Hissène Habré à quelque 40.000 morts.

- "Une grande réussite du procès" -

"Si ce n'était pas pour Hissène Habré, le Tchad serait aujourd'hui une province de la Libye" son voisin du Nord, dont le dirigeant d'alors, Mouammar Kadhafi, était en conflit territorial avec lui, s'est écrié Me Mbaye Sène.

"Dites-moi une seule prison en Afrique qui n'est pas surpeuplée. Pourquoi un édifice public ne serait pas transformé en prison pour soulager la population carcérale?", s'est interrogé l'avocat, en réponse aux mises en cause des parties civiles et du procureur Fall sur le taux de mortalité des détenus du régime.

Mbacké Fall a accusé l'ex-président tchadien d'avoir créé "des prisons secrètes", en dehors du "système carcéral officiel", des lieux de "concentration, pas de détention" dont il a fait "des mouroirs".

Reed Brody, conseiller juridique à l'ONG Human Rights Watch (HRW) qui assiste des associations de victimes depuis 1999, a salué le déroulement des audiences.

"Je pense que la transparence du procès, qui n'était pas acquise au début et sur laquelle les parties civiles ont beaucoup insisté, a été une grande réussite du procès", a déclaré M. Brody à un vidéaste de l'AFP.

"Evidemment, on aurait voulu qu'Hissène Habré donne sa version, donc qu'il participe au procès. Mais ce n'est pas la conduite de l'accusé qui détermine si un procès est équitable ou pas", a-t-il ajouté.

En détention depuis le 30 juin 2013 au Sénégal, où il avait trouvé refuge en décembre 1990 après avoir été renversé par l'actuel président tchadien Idriss Deby Itno, Hissène Habré est poursuivi pour "crimes contre l'humanité, crimes de guerre et crimes de torture".

Il encourt jusqu'aux travaux forcés à perpétuité. En cas de condamnation, dont il peut faire appel, l'accusé pourra purger sa peine au Sénégal ou dans un autre pays de l'UA.

avec Afp

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