Clergé : quel était son pouvoir au Moyen Âge ?
Le pouvoir du clergé au Moyen Âge était dit spirituel, et on le distinguait du pouvoir temporel dont les empereurs, rois et seigneurs étaient les dépositaires. Mais cette distinction médiévale ne va pas de soi.
Clergé : Clovis et l’alliance des deux pouvoirs
Le clergé au Moyen Âge : le pouvoir spirituel
Dans une société où le salut est un enjeu, les
sacrements sont source d'un réel pouvoir. Tout baptisé devient ipso
facto un fidèle qui doit obéissance aux ministres de Dieu.
À défaut, il
peut être privé de communion, d'absolution, voire des derniers
sacrements. Ce pouvoir spirituel est réglementé par le droit canon, qui a
force de loi. Quant aux religieux, ils ne relevaient pas de la justice
des Hommes, et ne pouvaient être jugés que par un tribunal
ecclésiastique (c'est le for ecclésiastique, le for étant l’endroit où
une affaire est jugée).
Pouvoir temporel
On note cependant une grande disparité chez les
serviteurs de l'Église. Alors que les membres du bas clergé — moines et
curés — sont recrutés dans le peuple, le haut clergé — évêques,
cardinaux, nonces — était invariablement issu de la noblesse et
partageait ses privilèges, biens matériels et terres
comprises.
De là est née une certaine confusion dont se servaient les
princes, et qui a donné lieu à la querelle des Investitures. En effet, à
la fin du XIe siècle, le pape Grégoire VII dénonce fermement la mainmise du pouvoir temporel
sur le pouvoir spirituel, et en particulier la possibilité pour les
monarques du Saint-Empire romain germanique de nommer eux-mêmes des
évêques.
La querelle survivra aux protagonistes, mais en réactivant la
doctrine des deux glaives, l'Église se verra reconnaître un pouvoir
supérieur à celui des princes de la terre.
À retenir
La théorie des deux glaives formulée par Bernard de Clairvaux (XIIe
siècle) a en partie justifié les croisades. Elle consiste à affirmer
que Dieu a confié au pape deux glaives. Le premier est le glaive
spirituel, dont il use directement. Le second est le glaive temporel,
qui est mis en dépôt entre les mains des grands et des princes, mais qui
doit lui aussi servir les intérêts de l'Église. Dans ce cadre, le pape
est donc l'autorité suprême.
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