Projet de révision constitutionnelle de Macky Sall : les sons de cloche discordants de la …gauche
Le projet de révision
constitutionnelle en 15 points proposé par le Président Macky Sall est
diversement apprécié par les partis de gauche qui semblent émettre moult sons
de cloche sur la question. Au niveau de la Ligue démocratique et d’And-Jef version
Landing Savané, les propositions du Chef de l’Etat peuvent ainsi tenir la
route. Même si, selon le porte-parole des Jallarbistes Moussa Sarr, «Tout ce
que nous avions souhaité, à travers les Assises, n’est pas et ne peut pas se
retrouver dans les mesures annoncées».
Pour ces deux partis par
ailleurs, les mesures du chef de l’Etat nécessitent tout de même «un consensus
fort», bâti autour de « la concertation, du dialogue, de l’inclusion de toutes
les forces vives de la Nation », d’après Fallou Sarr, le porte-parole
d’Aj/Pads-A. Ces positions «conciliatrices» se retrouvent pourtant en porte à
faux avec celles du Rnd et du Front national de salut public «Mom sa rew».
Pour Dr Dialo Diop,
le projet de réforme constitutionnelle apparait dans l’ensemble «soit vague ou
imprécis, soit répétitif ou superfétatoire, et surtout d’une cohérence douteuse
». Souvent en marge des Assises nationales et la Cnri, ce projet ne reflète
«aucune proposition visant à rétablir l’équilibre et l’égale dignité des
pouvoirs publics», dixit le Rnd. Malick Noël Seck se fera plus poignant dans
son appréciation du projet de révision de Macky Sall. Pour le leader du Front
national du salut public « Mom sa rew », les Sénégalais doivent rester
vigilants dans cette affaire d’autant que Macky Sall n’a pas réalisé la moitié
de ce qu’il a annoncé, entre 2014 et 2015. Qui plus est, s’est-il demandé
ironiquement en faisant le liant avec la Charte de bonne gouvernance
démocratique : «Pourquoi Macky Sall va-t-il appliquer les Assises auxquelles il
n’a pas participé ? Ce serait bizarre».
MOUSSA SARR, PORTE-PAROLE LD : « Tout, dans les
Assises, n’est pas et ne peut pas se retrouver dans les mesures»
Nous avons pris acte des
mesures que le président de la République a annoncées. En principe, elles
devront être soumises au peuple souverain à travers un référendum.
Naturellement, nous sommes, en partie, satisfaits des mesures. Nous avons, en
tant que parti politique, participé aux Assises nationales. Nous avons été
également consultés par la Cnri. Tout ce que nous avions souhaité, à travers
les Assises, n’est pas et ne peut pas se retrouver dans les mesures annoncées.
Parce que tout simplement, il nous faut procéder par étape. Le président de la
République a annoncé un certain nombre de mesures. Nous allons nous réunir pour
apprécier. Mais puisque nous sommes en démocratie et qu’elle est appelée à être
approfondie progressivement, ce qui nous intéresse, c’est que nous puissions
bâtir un consensus fort au tour des mesures qui sont annoncées. Elles sont de
nature à approfondir la démocratie. Mais si chaque parti, organisation ou
personnalité de la société civile tient à ce que tout ce qu’il souhaite se
retrouve absolument et totalement à travers les questions qui seront soumises
au référendum, nous risquons de ne pas nous en sortir. C’est pourquoi, il est
important de bâtir un consensus.
Au niveau de la LD, nous
sommes en partie satisfaits. Maintenant, nous espérons qu’il y aura des
concertations au sein de la coalition Benno Bokk Yaakaar pour approfondir les
questions. Au niveau des Assises,
certaines propositions avaient été faites. Mais, il est difficile, en ce
moment-là, d’appliquer l’ensemble de ces conclusions. Le Président, lui, avait
dit qu’il allait prendre ce qu’il pensait être judicieux des conclusions de la
Cnri. Ce qu’il a fait. Alors, il engage sa responsabilité. Peut-être que si un
autre était au pouvoir, il aurait procédé autrement.
FALLOU SARR, PORTE-PAROLE D’AJ/PADS-A : «Globalement
c’est bon. Mais, ce serait encore mieux si la concertation…»
Parmi les 15 points, ce
qui nous a le plus intéressé en tant que parti de Gauche, c’est l’élargissement
des droits du citoyen. On parle maintenant de droit à un environnement sain. On
parle également d’un élargissement des pouvoirs de l’Assemblée nationale…Un
autre point qui nous a le plus intéressé, c’est l’intangibilité, à la fois du
nombre de mandats et de la durée du mandat. Je pense que c’est quand même
important pour la stabilité politique du pays, pour la modernité également, et
le renforcement de notre démocratie…Globalement c’est bon. Mais, nous disons
que ce serait encore mieux si la concertation, le dialogue, l’inclusion de
toutes les forces vives de la Nation soient associés avant qu’une décision
véritable soit prise.
Pour les Assises
nationales, ce qu’il faudra voir, c’est qu’à un moment donné de l’histoire du
pays, des forces vives de la Nation se sont réunies pour discuter de notre
avenir. Elles ont fait des propositions, qu’il faut saluer, car je pense que la
plupart de ces propositions restent encore d’actualité, même si nous
reconnaissons qu’il y a des propositions qui, au moment où nous parlons,
peuvent être rediscutées pour soupeser réellement l’opportunité de les
appliquer ou les modifier. Mais quand même les adapter par rapport au contexte
économique, politique et social du pays.
La Cnri, elle, a produit
un rapport en fonction d’une commande faite par le chef de l’Etat. Mais, il
faut dire que ce rapport reflète, quoi qu’on puisse dire, la volonté, la
personnalité de ceux-là qui l’ont rédigé. Il y a des partis politiques, des
personnalités, des forces interviewées, mais il faut reconnaitre que tout le
Sénégal n’a pas été consulté. Alors que le chef de l’Etat doit veiller au
respect de la volonté et du vouloir de tout Sénégalais. Cela, pour dire que le
rapport rendu par la Cnri constitue un document de base de discussion. Encore
une fois, nous invitons le chef de l’Etat à faire les consultations et les
concertations nécessaires pour que ceux-là qui n’ont pas eu la chance d’être
consultés par la Cnri puissent donner leur point de vue et qu’on puisse faire
une synthèse pour véritablement tendre vers quelque chose qui aurait
l’approbation de la majorité des Sénégalais.
DR DIALO DIOP, SECRETAIRE GENERAL RND : «Aucune
proposition visant à rétablir l’équilibre et l’égale dignité des pouvoirs»
Dans son message
radiotélévisé de nouvel an, le président de la République, Macky Sall, a enfin
dévoilé «les fondements» de son propre projet de révision constitutionnelle.
Ses quinze propositions apparaissent instructives autant par ce qu’elles
annoncent que par ce qu’elles taisent!
Leur examen montre en
effet qu’il s’agit d’un mélange hétéroclite et passablement confus de vieux principes
déjà inscrits dans la Constitution en vigueur avec quelques mesures innovantes
et positives, le plus souvent empruntées à l’avant-projet élaboré par la Cnri,
l’ensemble apparaissant soit vague ou imprécis, soit répétitif ou
superfétatoire, et surtout d’une cohérence douteuse... A l’exception notable du
point 6 prévoyant le retour au mandat quinquennal du président de la
République, à la fois clair, net et précis, qui semble être l’essentiel du
projet de révision présidentiel, alors qu’en termes de démocratisation
institutionnelle, son impact est secondaire sinon marginal. C’est précisément
sur le fond du débat juridique, c’est-à-dire sur les buts de la réforme
envisagée, que les insuffisances du projet présidentiel sautent aux yeux. On
n’y retrouve, par exemple, aucune proposition visant à rétablir l’équilibre et
l’égale dignité des pouvoirs publics, ni par la réduction de l’omnipotence du
chef de l’Exécutif, ni par le respect de la souveraineté du Parlement, ni,
encore moins, par l’instauration d’un authentique pouvoir judiciaire
indépendant. A ce propos, les mesures cosmétiques des points 10,11, 12 et 13, portant réaménagement
du Conseil constitutionnel, cachent mal le refus de mettre en place une véritable Cour
Constitutionnelle, garante et gardienne du fonctionnement régulier des
institutions, pourtant validée tant par la Charte de gouvernance démocratique
des Assises nationales que par les recommandations de la Cnri. (Commentaires tirés du communiqué de presse du Rnd-2 janvier 2016).
MALICK NOËL SECK, FRONT NATIONAL DE SALUT PUBLIC « MOM
SA REW » : «Pourquoi Macky va-t-il appliquer les Assises auxquelles il n’a pas
participé ? »
La question est de savoir
si les propositions sont conforment aux attentes des populations. Je pense que
la question sur la réduction du mandat est quelque chose dont il aurait pu
donner clairement la date… Maintenant qu’est ce que ça va changer, que le
mandat passe de 7 à 5 ans ? Aujourd’hui, est-ce que ça va changer
fondamentalement le bien être ou le mieux-être des Sénégalais ? Parce qu’on
s’est débarrassé de Wade et on s’est retrouvé avec pire que lui, avec Macky
Sall. Ils sont tous dans le même système… La seule réforme maintenant que je
trouve pertinente, c’est la question des candidatures indépendantes. Ça, s’il (Macky)
l’applique, ce serait bien. Mais quand tu regardes les déclarations de Macky
Sall de 2013 et de 2014, tu vois que plus de la moitié de ce qu’il a annoncé
n’a pas été fait. Donc, pourquoi aujourd’hui croire à la déclaration qu’il a
faite en 2015 ?
Macky Sall avait signé
les Assises nationales avec des réserves parce qu’il voulait se mettre dans la
poche le Benno Siggil Senegaal et tous ces gens-là. Il fallait leur ouvrir les
portes pour qu’ils puissent gouter aux délices du pouvoir. C’est pour cela
qu’il a signé la Charte des Assises. Maintenant, les porteurs des Assises
nationales qui ont accepté d’aller goûter aux délices du pouvoir sans pour
autant qu’on applique une seule de leurs conclusions pendant maintenant 4 ans,
ce sont eux qui décrédibilisent ces Assises nationales. Ce sont eux qui se sont
assis sur ces Assises nationales, avec Macky Sall. Alors, on te propose
maintenant une nouvelle réforme. Pourquoi Macky Sall va-t-il appliquer les
Assises auxquelles il n’a pas participé ? Ce serait bizarre.
avec Sudonline.sn
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