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Ces sportifs qui tentent leur chance en politique (avec plus ou moins de réussite)



Pep Guardiola, entraîneur du Bayern Munich, pendant la demi-finale de la Ligue des champions en 2015. (PIXATHLON/SIPA)
Beaucoup de sportifs se reconvertissent en entraîneurs, commentateurs ou en consultants. D’autres en revanche quittent leur domaine de prédilection et s’engagent en politique. Avec plus ou moins de succès. 


Pep Guardiola est un sportif engagé. Ce lundi, l’ancien joueur et entraîneur du FC Barcelone, et actuel coach du Bayern Munich, s’est présenté sur une liste pro-indépendance catalane en vue des élections régionales espagnoles. Dernier candidat inscrit, il n’a aucune chance d’être élu lors du scrutin en septembre prochain. Un choix délibéré.

Si l’ancien footballeur n’entre pas véritablement en politique, il utilise sa popularité pour soutenir une cause. D’autres avant lui ont sauté le pas et ont rangé définitivement les crampons pour passer du stade à l’Assemblée.

# Les incontournables

Leur reconversion a marqué les esprits. David Douillet en France ou Pelé dans le monde. Le premier est quadruple champion du monde et double médaillé d’or aux Jeux olympiques (1996 et 2000). En 2000, David Douillet quitte les tatamis. Neuf ans plus tard, il met fin à son parrainage des Pièces jaunes et entame une reconversion radicale : la politique.

Il choisit l’UMP et devient député des Yvelines. En juin 2011, il est nommé secrétaire d’Etat en charge des Français de l’étranger. Poste qu’il n’occupera que brièvement puisqu’il récupère le ministère des Sports en septembre de la même année.

Mais ses débuts en politique n’ont pas été aussi salués que son parcours de sportif. Dès 2009, les médias décortiquent son autobiographie ("L’Ame du conquérant", 1998) et le public en retiendra une phrase : "On dit que je suis misogyne. Mais tous les hommes le sont. Sauf les tapettes !" La subtilité de l'ex-judoka sera désormais légendaire.

Le pionnier de ces reconversions politiques, réussies avec plus ou moins de succès, est Brésilien. Il est toujours considéré comme le plus grand footballeur de l’Histoire. En 1995, après une carrière mythique et trois titres de champion du monde (1958, 1962 et 1970), le "roi Pelé" devient ministre des Sports. Il est le premier homme noir à accéder à un poste si élevé au Brésil.
Bill Clinton, alors président des Etats-Unis, et Pelé en 1997 (ESTADO/SIPA).

 # La France, les sportifs et la droite

Le ministère des Sports fait aussi fureur en France. Guy Drut, ancien champion du 100 mètres haies, l’occupe entre 1995 et 1997. Jean-François Lamour, deux fois champion olympique et champion du monde d'escrime, est ministre des Sports de 2002 à 2007, sous Jacques Chirac également.

Entre 2007 et 2009, Bernard Laporte, ancien demi de mêlée de rugby et actuel manager du meilleur club d'Europe, le RC Toulon, devient secrétaire d’Etat chargé des Sports. Cette fois sous Nicolas Sarkozy.

En 2010, c’est au tour d’une ancienne championne de France de karaté, Chantal Jouanno, de prendre la relais. Elle démissionne de son poste de ministre des Sports un an plus tard et laisse la place à... David Douillet.

Le champion olympique Teddy Riner avec David Douillet (NIVIERE/CHAMUSSY/SIPA)
A croire que les sportifs français qui se lancent en politique sont majoritairement de droite. La preuve avec les municipales de 2014, grand cru d’anciens athlètes en mal de reconversion. A commencer par David Ginola, ex-star du Paris-Saint-Germain qui a tenté l’aventure à Sainte-Maxime, sur une liste sans étiquette et apparentée à droite. En vain.

L’ancien nageur Frédéric Bousquet, a eu plus de chance à Marseille. Le médaillé olympique s’est engagé sur la liste UMP du maire sortant Jean-Claude Gaudin, réélu en 2014. De quoi faire enrager le candidat PS, Patrick Mennucci, pour qui "M. Gaudin a remplacé la pénurie de piscines par un champion olympique."

# Les vainqueurs

Au Brésil, la reconversion politique est un classique. 15 ans après Pelé et son ministère des Sports, l’ancien attaquant Romario est élu député, puis sénateur fédéral de l’Etat de Rio. Membre du Parti socialiste, il a soutenu les manifestations de 2014 contre l’organisation du Mondial. Son adversaire politique n’est autre que... son ancien partenaire à la pointe de l'attaque de la Seleçao, Bebeto, également député, rappelle "L’Equipe".

Comme Pelé, lui aussi a des timbres à son effigie. En Géorgie, Kakhaber Kaladze, considéré comme une superstar, a choisi de s’engager en politique en 2012. L’ancien joueur du Milan AC rejoint alors la liste de la coalition Rêve géorgien. "Il y a beaucoup plus de défis en politique que dans le sport", estimait-il. Après la victoire de son parti, il est élu au Parlement puis il devient ministre de l’Energie et des ressources naturelles.

Autre grande figure de reconversion réussie à l'Est : l’Ukrainien Vitali Klitschko. Le champion du monde de boxe - 45 victoires en 47 combats, dont 41 par KO - a laissé son frère Wladimir sur le ring pour se consacrer à la politique. En 2010, le sportif de 2,02 mètres prend la tête de l’Alliance démocratique ukrainienne pour la réforme et est élu aux élections parlementaires de 2012. Un an plus tard, Vitali Klitschko apparaît comme l’un des leaders des manifestations pro-européennes en Ukraine. Le 25 mai 2014, l’ex-boxeur devient maire de Kiev, la capitale du pays.

Vitali Klitschko a soutenu les Ukrainiens qui manifestaient contre l’ancien président Viktor Ianoukovytch (Sergei Chuzavkov/AP/SIPA).

# Les cumulards

Le boxeur philippin, Manny Pacquiao, n'a lui pas attendu la fin de sa carrière pour devenir multitâches. Le perdant du "combat du siècle" il y a quelques mois face à Floyd Mayweather est aussi député, acteur, basketteur et même chanteur. En 2007, il s’appuie sur sa notoriété et se présente aux élections à la Chambre des représentants. Echec. Il se relève trois ans plus tard et est élu député de la province de Sarangani. Il promet alors d’être encore "plus efficace en politique qu’il ne l’est sur les rings".

L’an passé, le célèbre boxeur a voulu s’essayer au basket. Son premier match en tant qu’entraîneur-joueur de son équipe ne flatte pas sa performance. Du haut de son mètre 69, "Pacman" n’a pas mis un seul panier. Outre cette tentative malheureuse, Manny Pacquiao a également tourné dans des films philippins. Une dizaine au total. Sans oublier son penchant pour le chant. Mais il reste définitivement plus doué avec des gants de boxe que face à un micro…

Autre cumulard très célèbre, le culturiste devenu acteur puis gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger. Avant d’endosser le rôle du "Governator", son corps lui a tout de même permis de décrocher cinq titres de Mister Univers.

# Ceux qui auraient mieux fait de ne pas se lancer

George Weah a vu trop grand. En 2005, le premier africain à remporter le Ballon d’Or, ancien joueur du PSG, souhaite alors devenir président du Libéria. Il se présente face à Ellen Johnson-Sirleaf, une économiste formée aux Etats-Unis et future lauréate du prix Nobel de la Paix (2011). C’est un échec. En 2011, il s’associe à l’opposant Winston Tubman afin d’évincer la présidente sortante. Nouvelle défaite. Le candidat soutenu par George Weah n’emporte que 9,3% des voix, contre 90,7% pour Ellen Johnson-Sirleaf.
George Weah lors d'un match de Ligue 1 en 2014, qui opposait le PSG à Monaco (BEBERT BRUNO/SIPA).
En Russie, la reconversion de Garry Kasparov lui aura coûté l’exil. Le champion du monde d’échecs (reconnue comme une discipline olympique depuis 1999) plonge dans le grand bain en 2005 et s’engage en politique. Détracteur de Vladimir Poutine, Garry Kasparov est l’un des fondateurs du mouvement d’opposition "L’Autre Russie". Après plusieurs interpellations et un séjour en prison, il se met à craindre pour sa vie et choisit l’exil. Garry Kasparov réside aux Etats-Unis depuis deux ans.

Lorsqu’en mars 2015 l’ancien champion est prié de déclarer s’il a un plan politique pour l’avenir, il répond : "Je n’ai pas de stratégie. Il ne s’agit pas d’un jeu d’échecs. Aux échecs, il y a des règles." En politique, un peu moins.

avec tempsreel.nouvelobs.com

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