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Affrontements au Burundi: deux manifestants tués par balles

mediaUn policier anti-émeutes, lors des affrontements de ce dimanche matin à Bujumbura, au lendemain de l'annonce de la candidature de Pierre Nkurunziza.REUTERS/Thomas Mukoya
Manifestants et forces de l'ordre se sont affrontés à Bujumbura. Deux personnes ont été tuées par balles au cours de la matinée. Au lendemain de l'annonce de la candidature du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat à la tête du Burundi, les autorités avait interdit toute manifestation. Sur le terrain, la situation est très volatile. Le signal de plusieurs radios a été coupé. Suivez ici les événements en direct.

Cet article est réactualisé régulièrement, avec notre envoyée spéciale et notre correspondant à Bujumbura,
Deux manifestants ont été tués par balles au cours des affrontements en cours à Bujumbura, selon l'Agence France-Presse, qui cite plusieurs témoins indépendants. L'un des manifestants a été tué dans le district de Ngagara, un autre a été tué à Musaga.
Des affrontements ont éclaté ce dimanche matin, dans plusieurs quartiers de la capitale burundaise. Des scènes de violences qui ont notamment eu lieu dans le quartier de Cibitoke, dans le nord de la capitale, des jeunes jetant des pierres d’un côté, les policiers répondant par des gaz lacrymogènes. Des camions anti-émeutes sont entrés en action, et utilisent des canons à eau pour disperser les manifestants. Une eau teintée de bleu, pour pouvoir plus facilement retrouver ensuite les manifestants.
Les manifestants, quelques centaines de jeunes, se sont d’abord rassemblés ce dimanche matin aux coins des rues, dans le but de rejoindre la place de l’Indépendance, dans le centre de Bujumbura, où l’opposition avait appelé à se rassembler. Les manifestants disaient réclamer le droit à manifester pacifiquement, comme l’on fait hier, samedi, les partisans du CNDD-FDD, le parti au pouvoir. Mais ils en ont été empêchés par le fort dispositif policier déployé depuis les premières heures de la matinée.
Interpellations et tirs de sommation
Des manifestants ont monté des barricades, ce dimanche, dans les rues de Cibitoke, dans le nord de Bujumbura, la capitale burundaise.Phpto : RFI / DR
L’interpellation d’un jeune, qui a été molesté par les forces de l’ordre, a ensuite donné le signal des violences. « Nous, on ne faisait que chanter, et eux, ils nous ont attaqué », a lancé l'un d'eux aux journalistes présents sur place. Les jeunes manifestants ont pris la rue, repoussé les policiers et installé des barricades constituées de tables de bois et de chaises, auxquelles ils ont mis le feu. « C'est notre révolution, on ne veut pas que Nkurunziza retourne au pouvoir », scandaient des manifestants.
Les policiers, qui ont un temps battu en retraite, laissant la rue aux manifestants, sont revenus à la charge quelques minutes plus tard. Des tirs sporadiques de sommation, des tirs en l’air, ont été entendus. A 9h (TU), les policiers avaient repris le contrôle de la rue centrale de Cibitoke et s’employaient à dégager les barricades montées par les manifestants. Les jeunes manifestants, eux, se sont dispersés dans les petites rues, à l’intérieur du quartier.
Radios privées sommées de cesser de couvrir en direct 
Par ailleurs, trois radios privées ont été inquiétées dans la matinée : Bonesha FM, Radio Issanganiro, et la RPA (Radio publique africaine). Le ministre de l’Intérieur, celui de la sécurité publique et celui de la communication se sont présentés au siège de la RPA à 11h du matin, heure locale, accompagnés de nombreux policiers. La radio diffusait depuis le matin des reportages en direct sur les manifestations en cours dans les quartiers de Bujumbura.
Les policiers ont escaladé les murs d’enceinte pour entrer dans le bâtiment, pendant que, sur l’antenne, la RPA annonçait être encerclée par les forces de l’ordre. Des gens ont alors convergés vers le siège de la radio pour la soutenir. Finalement, après négociations, les ministres sont repartis, sous les cris de joie des personnes présentes.
« Le Burundi s’apprête aux élections de 2015, nous constatons que certains faits peuvent perturber la paix et la sécurité dans notre pays », a expliqué Edouard Nduwimana, le ministre de l’Intérieur, au micro de RFI. Il pointe des « risque de débordements, à cause des médias, à cause essentiellement de la RPA, qui retransmet en direct ce genre de soulèvement. »
Le ministre a par affirmé que les responsables de la radio avait accepté de se ranger à ces arguments. « On n’est pas venu pour fermer, on est venus pour dialoguer. Ce qui a été fait. Ils ont accepté de suspendre les émissions en direct et les reportages en direct sur ces manifestations », a-t-il précisé. En cas de refus de stopper la couverture en direct des évènements par la RPA, les ministres étaient venus avec un mandat de perquisition, qui aurait pu leur permettre de fermer la radio.

■ Une candidature à un troisième mandat, critiquée à l'intérieur et à l'extérieur du pays
Ces affrontements interviennent au lendemain de la désignation de Pierre Nkurunziza comme candidat du CNDD-FDD à la présidentielle de juin prochain. L’actuel président du Burundi se présente pour un troisième mandat, jugé anti-constitutionnel par l’opposition et qui « risque de plonger le Burundi dans le chaos », a déclaré samedi 25 avril le principal opposant burundais, Agathon Rwasa.
Une partie de la société civile, rassemblée au sein de la coalition « Halte au troisième mandat », est également opposée à ce troisième mandat et a plusieurs fois mis en garde contre les risques que cela faisait peser sur la stabilité du pays, plongé dans une guerre civile entre 1993 et 2006. Pour les opposants au troisième mandat de Nkurunziza, cette candidature est à la fois contraire à la Constitution et aux accords d'Arusha qui avaient mis fin à la guerre civile.
La communauté internationale a également plusieurs fois marqué son désaccord avec l’éventualité d’un troisième mandat de Pierre Nkurunziza. Dernier pays en date, samedi, quelques heures après l’officialisation : les Etats-Unis ont dit regretter « cette importante occasion manquée. »
avec Rfi.fr

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