Meurtre de Nemtsov : la fin de "l'indulgence coupable" à l'égard de Poutine
© Copyright 2015, L'Obs Les Russes rendent hommage à Boris Nemtsov, assassiné samedi 28 février, le 1er mars 2015.
Le meurtre de l'opposant à Vladimir Poutine, Boris Nemtsov, place les Occidentaux devant leurs responsabilités. C'est ce qu'estiment lundi 2 mars les éditorialistes. Ils en appellent à la fin de "l'ingénuité" et de "l'indulgence coupable" à l'égard du dirigeant russe.
Certes, "rien ne permet d'accuser le régime ou ses affidés", note Philippe Gélie dans "Le Figaro". "Reste que l'ancien ministre défiait Poutine, dénonçait l'agression russe en Ukraine et avait exprimé son soutien à 'Charlie Hebdo'. Dans la Russie d'aujourd'hui, chacun de ces crimes peut valoir quatre balles dans le dos", ajoute l'éditorialiste du quotidien conservateur.
"La rue rend hommage à l'opposant assassiné"
"L'homme fort du Kremlin se montre aussi implacable vis-à-vis de ceux qui le défient en interne qu'à l'extérieur", constate Marc Semo dans le billet qui ouvre les quatre pages que "Libération" consacre à l'évément.
La presse française se fait largement l'écho de l'émotion suscitée par l'assassinat de l'opposant et ancien vice-Premier ministre russe, vendredi près du Kremlin.
"La rue rend hommage à l'opposant assassiné", titre "La Croix" après le rassemblement de plusieurs dizaines de milliers de personnes, 70.000 selon les organisateurs, dimanche à Moscou.
Dans "Les Echos", un reportage de Benjamin Quénelle nous transporte parmi les manifestants qui ont défilé "entre deuil et colère". "Comment ce meurtre a-t-il pu se faire sans la complicité d'une partie des autorités ?" s'interroge Piotr.
Pour le quotidien communiste "L'Humanité", "l'origine politique du meurtre de Boris Nemtsov ne fait aucun doute" et "la gestion par Poutine du conflit avec l'Ukraine alimente les tensions".
Certes, "20 Minutes" rappelle la popularité écrasante de Vladimir Poutine dans l'opinion russe. "L'assassinat de l'opposant Nemtsov ne devrait pas bouleverser le pays", croit donc savoir le journal gratuit.
"La dérive impérialiste et autocratique de Poutine"
Mais la presse s'attend et appelle même à de fortes secousses diplomatiques.
"Le meurtre de Nemtsov, qui n'est que le dernier d'une longue série, révèle une image profondément préoccupante et attristante de la politique russe, une image qui devrait faire réfléchir tous ceux qui, chez nous, à droite comme à gauche, font preuve à l'égard de la Russie et de ses intérêts de sécurité d'une compréhension qui s'apparente parfois à une indulgence coupable", écrit Luc de Barochez dans "L'Opinion".
"Face à Poutine, les Occidentaux, et notamment les Européens, à commencer par Paris, ont longtemps péché par ingénuité sans vouloir admettre que l'ancien 'guébiste' ne comprenait que le rapport de force. L'élimination de cet opposant après tant d'autres assassinés, emprisonnés ou exilés, est un nouvel avertissement", insiste "Libération" sous la plume de Marc Semo.
Pour Bruno Dive de "Sud-Ouest", "il faut au moins espérer que ce meurtre dessille enfin les yeux de ces dirigeants politiques, français et européens, de droite comme de gauche. Tous fascinés par le maître du Kremlin".
"Cumulé à la crise ukrainienne, l'assassinat de Boris Nemtsov marque donc une rupture dans la façon dont l'Occident observe la dérive impérialiste et autocratique de Poutine", espère Philippe Waucampt du "Républicain lorrain."
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