Facebook censure de nouveau des images historiques
Le réseau social dirigé par Mark Zuckerberg n'apprécie franchement pas les illustrations postées par Jerry Saltz. Assimilées à de la pornographie, les œuvres sont censurées et le compte du célèbre critique d'art bloqué.
Facebook aurait-il perdu la tête? Depuis quelques mois, le réseau social censure à tour de bras les illustrations postées par les internautes. La cause: les images sont jugées pornographiques. Après la censure de L'Origine du monde de Gustave Courbet qui a conduit la société à être assignée en justice, c'est au tour de Jerry Saltz, célèbre critique d'art duNew York Magazine d'être censuré.
Saltz, qui compte plus de 143.000 followers sur Facebook et Instagram, publie quotidiennement des illustrations datant de l'Antiquité et du Moyen Âge. Des images que n'a apparemment pas apprécié le système informatique qui «analyse» les milliards de données postées quotidiennement sur Facebook et signale les contenus illicites.
Le 4 mars, c'est une page Facebook désespérément muette que découvraient ses fidèles, qui ne se sont pas privés d'y exprimer toute leur frustration et leur ressentiment. Alors que le compte Instagram du journaliste était toujours actif. Il y publiait le même jour une photo où l'on pouvait lire: «À tous les membres de la police des mœurs qui se sont plaints à Facebook de la teneur “sexiste”, “abusive” et “misogyne” de mes photos médiévales: bravo!! Vous avez réussi à me faire évincer de Facebook. Vous paierez en sang, mais non du vôtre». C'est bien là tout le paradoxe: ce ne sont pas des photos de nu qui ont entraîné la suspension de son compte, mais bel et bien des images médiévales, preuve que tout est aujourd'hui en passe de devenir matière à choquer.
Ce n'est pas la première fois que le critique est censuré. Déjà l'année dernière, une expérience similaire lui avait inspiré un article sur le site Vulture sur la frilosité actuelle de l'art contemporain, devenu selon lui «conservateur». Il déclarait ainsi: «Ces derniers temps, je ne peux m'empêcher de penser que le monde de l'art est devenu beaucoup moins flexible, et que la liberté en art, que j'ai toujours considérée comme un fondement absolu - la liberté de faire flotter l'étendard de notre bizarrerie et de nous exprimer de la manière la plus farfelue qui soit - a été considérablement restreinte.
Un excès de censure toujours d'actualité
»C'est un changement si radical et extrême qu'il amène à se demander si l'art n'est pas en passe de devenir l'un des domaines les plus policés de la culture contemporaine. […] Peut-être que le monde de l'art ne fait que reproduire à plus petite échelle le crépitement des flashs qui entoure les protagonistes de la culture de masse, les hommes politiques et les pop stars, où chaque geste public, chaque Tweet, chaque selfie et n'importe quelle photo débile se transforme en une bataille de politique identitaire. […] Ce qui est déplorable, c'est que le monde de l'art a toujours été, pour moi, le refuge contre toutes ces conneries.»
Depuis le compte Facebook de Jerry Saltz a été réactivé. Mais cet excès de censure reste plus que jamais d'actualité. Il serait tant que le réseau social réagisse. Car un système peut être, sinon corrigé, comme le démontre l'algorithme de Google, au moins mis à jour régulièrement.
avec lefigaro.fr
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